Abyssal humour…
Si la question a largement été abordée dans les médias et dans une sombre actualité ces dernières années, celle-ci reste délicate telle une pente glissante sur laquelle certains n’osent pas s’aventurer, craignant les foudres de certaines communautés. #thestormiscoming étant un espace où ma liberté d’expression reste intacte et totalement libre, je ne pouvais pas « ne jamais aborder la question ». C’est ainsi que je me lançasse dans une longue et funeste tirade, avant que le lynchage ne s’abatte sur moi… J’eusse alors osé aborder le thème de « l’humour noir » ! Attention, le sarcasme fusse au rendez-vous… Âmes sensibles, revenez dans deux jours, je parlerai de mangas !
Déjà, histoire que tout le monde soit bien installé dans son siège… Et y reste. L’humour noir, c’est quoi ? L’humour noir est une forme d’humour qui souligne avec cruauté, amertume et parfois désespoir l’absurdité du monde, face à laquelle il constitue quelquefois une forme de défense. En gros, une forme d’humour qui met le doigt « là où ça fait mal » ! Vous voyez là où je veux en venir ? Cet humour, qui est souvent qualifié de « stupide » par les gens qui ne le comprennent ou ne l’acceptent pas, fait très souvent appel à une certaine maitrise de la culture générale, de l’histoire ou à l’auto-dérision. Ça c’était pour la théorie… Maintenant, passons à quelques exemples pratiques :

Vous l’aurez donc compris, l’humour noir est sans pitié et n’épargne personne… Mais pendant que celui-ci ravage tout sur son passage, certains, parfois offusqués, parfois dérangés, souvent heurtés posent la question « Peut-on rire de tout ? ». Et la question a le droit d’être posée, car au même titre que l’humour noir se veut sans limites, il n’en reste pas moins dans les deux cas le fruit de la liberté d’expression… Une liberté qui nous est si chère en Europe et qui devrait, en théorie, nous permettre de mieux avancer ensemble. Donc… Peut-on rire de tout ? Ou l’humoriste, même du dimanche, a-t-il des règles à ne pas enfreindre… Des limites à ne pas dépasser… Ou encore des sujets à ne pas aborder ? Si chacun aura sa propre réponse à apporter au débat, mon avis à moi est que « oui » on doit pouvoir rire de tout, peu importe que le sujet sur lequel on place le bout du doigt (voir la main parfois complète) peut être sensible et faire « mal ». Mais une certaine actualité encore fraîche dans certaines esprits, celles des attentats de Charlie Hebdo, en Janvier 2015, laisse perplexe. Si on doit pouvoir rire de tout, peut-on rire de tout avec tout le monde ? Et il semblerait que « non », notre société n’accepte pas qu’on rigole de tout !
L’évolution nous poussant à évoluer, en 2020, nous devrions avoir fait un bon monumental au niveau des mentalités… Nous devrions donc, en grands esprits libres, sans dieux ni maitres, que nous sommes pouvoir accepter l’humour, même lorsqu’il ne nous parle pas comme nous le désirerions ! Car de nos jours, les mentalités n’ont pas toujours évolué comme elles auraient dû… Certaines communautés s’étant repliées, voir regroupées, sur elles-mêmes. C’est ainsi que lorsqu’on pratique l’humour avec beaucoup de sarcasme, il est des sujets qu’il vaut mieux éviter afin de ne pas se heurter à la mauvaise humeur de certaines âmes trop sensibles, au risque de se voir harcelé, insulté ou menacé sur les réseaux sociaux. En effet, quelques humoristes se sont déjà mordus les doigts en ayant osé aborder certains thèmes… Lesquels ? La liste semble de plus en plus longue, mais fait généralement échos à l’idée de microcosmes : la religion, l’orientation sexuelle, le genre, la couleur de peau, le féminisme ou la féminité (on ne sait plus trop sous quel angle aborder la chose)… etc. Rappelons ici qu’il n’est pas question de jugement et que chacun est libre de penser, croire ou faire ce qu’il veut, à partir du moment où c’est dans l’idée d’un parfait consentement, le droit à la différence étant totalement libre, au même titre que celui de penser ou de s’exprimer. Mais on peut constater à l’heure actuelle que certaines communautés peuvent parfois se sentir atteintes par des blagues, caricatures, histoires et autres formes d’humour qui viendraient leur gratter la peau tel du papier de verre. L’humour, sous peine d’être crucifié sur la place publique devrait donc faire très attention lorsqu’il aborde des sujets sensibles comme les religions catholiques et musulmanes, évitons donc la questions des prêtres pédophiles et autres caricatures de machin-chose… Au même titre, Il faut faire attention avec les orientations sexuelles ou les gens, un homme n’étant pas toujours un homme, une femme n’étant pas toujours une femme, un homme ou une femme pouvant aussi faire le choix de devenir un « Pied de table non-binaire mais assujetti » dans le genre. Ces exemples parmi tant d’autres, font, comme je l’expliquais plus haut, souvent référence à la culture, à l’histoire ou à d’autres faits d’actualités… Et, je confirme, on ne peut ni pratiquer, ni comprendre l’humour noir, si on n’est pas un minimum instruit, celui-ci faisant appel à une certaine forme d’intelligence. On devine mal quelqu’un qui n’a pas lu, n’a pas été éduqué à l’Histoire, comprendre une blague sur le règne Nazy… De la même façon, quelqu’un qui ne suit pas un minimum l’actualité n’aura pas compris les blagues humides ou incestueuses d’un petit Grégory.

C’est à cet instant que vient l’idée de la censure… Ce gros « biiip » qui vient nous heurter les oreilles, histoire qu’on n’entende pas certains mots, ou ce gros rectangle noir qui vient rendre la lecture impossible. Et si, coté francophone, les années 70, 80 et 90 ont connu une censure très peu présente si ce n’est un milieu « Proute proute mon cher », il semblerait que les années 2000 voient celle-ci prendre du galon et se positionner un peu partout, avec un manque de logique parfois flagrant. Car si on peut comprendre la douleur d’un parent lorsqu’on « rigole » d’un fait d’actualité mettant en scène la mort d’un enfant, par exemple, cela justifie-t-il que le sujet devienne tabou au point de ne pouvoir être pris pour cible par personne ? Car dans ce cas, chacun d’entre nous, dans son histoire, possède un sujet qu’on pourrait qualifier de « trop sensible » pour pouvoir en « rire ». Le « rire » étant ici une forme d’humour qui a aussi pour effet, rappelons-le, de déstygmatiser le nœud du problème, pas pour en rire bêtement, car là ce serait gratuit et grossier, mais qui aurait pour effet que de le rendre « moins brutal ». Pourtant, au même titre qu’on censure un téton ou une paire de fesses, on censure aujourd’hui aussi l’humour lorsqu’il pourrait « ne pas plaire à certaines communautés »… Et la liberté d’expression dans tout cela ?
Les attentas de Charlie hebdo restant le parfait exemple : la presse doit-elle se limiter et ne pas risquer de heurter certaines communautés religieuses ? Selon moi, et ces propos n’engagent finalement que moi, la question est mal posée et devrait plutôt être « Pourquoi la presse devrait-elle s’inquiéter de heurter certaines sensibilités » ? Qui plus est dans des pays laïques, sous des organismes de presse l’étant tout autant ? Au même titre que le monde de l’art et les artistes qui le peuplent. Personnellement, si je n’ai pas envie de lire, je ne lis pas… En soirée, entre potes, il y aura toujours le mec un peu lourd qui trouvera la blague tout aussi lourde que lui à faire sur « les pd ». Dois-je, moi « homosexuel » m’en offusquer, en faire un scandale et exiger qu’il soit jugé pour autant sur la place publique ? Bah… pour ma part, j’aurais tendance à en rire avec lui… Même si la dite blague racontée ne me prête même pas à sourire deux secondes et demie. Et c’est là que repose toute la subtilité de la chose : Ne pas confondre humour noir et harcèlement… Si l’humour est manipulé pour blesser volontairement, c’est la liberté d’expression qui est « mal utilisée » et donc ne devrait pas être tout simplement. Dans un tel cas, l’humour, la liberté d’expression, sont clairement utilisés comme on utilise une arme de guerre… Nous sommes donc hors sujet et en effet, dans ce cas, je ne sais pas si l’idée de la censure s’applique « mieux » ou « plus justement » mais en tout cas il y a une réaction a avoir contre cela. Le tout étant de placer les limites là où elles doivent être… La sensibilité, nos sensibilités, n’étant pas les mêmes et plaçant des limites différentes chez tout un chacun.
Pour conclure… Oui, la liberté d’expression, cet acquis qui est le nôtre aujourd’hui, fait que nous devons pouvoir rire de tout. Maintenant, il est clair que certains n’acceptent et n’accepteront jamais d’entendre ou de voir « rire » de certaines différences leur étant propres. Pourtant, accepter que l’autre ne soit pas d’accord et ne pratique pas la même forme d’humour que nous, c’est ça aussi le « vivre ensemble ». S’adapter c’est aussi accepter cela !
Scylla…

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CREDIT PHOTO
Cover : Daniil KUZELEV