Amen, petits plaisirs et bonnes choses…
Ainsi attablés, ils donnaient l’impression que le monde s’était arrêté de tourner pour se focaliser sur l’idée du partage et du plaisir de savourer l’instant. Mais que faire lorsque le monde s’arrête réellement de tourner cette fois ? Que la notion nous est enlevée et que le partage n’est plus qu’un lointain souvenir ?
Du repas ensemble, il ne reste plus qu’une vague idée… Un peu de pain à la rigueur, un peu de vin devenu un jus de raison un peu amer en bouche, comme le dessin sur une scène post-apocalyptique, les notions même qui nous habitaient avant avant-hier ne résonnent en nous que comme un passé fait de plaisirs qu’on ne peut que se remémorer, à défaut de pouvoir les revivre. Et derrière tout cela, en toile de fond… Le désastre ! Des restaurateurs qui mettent la clé sous le paillasson, des employés à qui l’on” interdit” de travailler et les factures, loyers et autres charges qui s’accumulent. Voilà un an que le monde semble s’être arrêté de tourner. Et s’il y a 365 jours le tarif était le même pour tout le monde, histoire de ne pas réellement donner l’impression que l’économie s’en va tête baissée vers l’effondrement, on catégorise. En bout de liste, l’horeca, les restaurants, les hôtels, les métiers du divertissement et de l’événementiel. Tous ces métiers qui nous permettent de vibrer au gré des rencontres et au son des verres qui claquent les uns contre les autres pour boire à la santé de…
Un peu comme un lointain souvenir, les allées des restaurants entre les tables se sont désertées peu à peu… Mais lorsque c’est possible (encore faut-il que çe le soit), certains décident de ne pas se laisser faire et trouvent des alternatives, à l’image de Christophe Schivre, propriétaire du restaurant « La table de La Chapelle » situé en pleine rue de Neudorf, en ville. Il faut dire que des idées, Christophe en a toujours eues… C’est lui qui est d’ailleurs à l’initiative de cette expérience unique vous plongeant dans un noir total le temps d’un repas, histoire de déguster et de (re)découvrir les saveurs d’une toute autre façon. Mais pour cela, il faut pouvoir recevoir des clients. Alors, dés le début du premier confinement, Christophe repense et improvise. Très vite, son restaurant, ne sachant pas vers quoi nous allions, propose de pouvoir acheter diverses denrées : farine, sucre, papier toilette… « Le but n’était pas de devenir une épicerie, il y en a déjà dans la quartier, pas besoin d’une de plus ». Alors le concept évolue et propose, au lambda qui vient chercher son plat à emporter pour manger le soir en famille « un peu comme au resto » ou, à la reprise des bureaux, sur le coin de celui-ci, de pouvoir repartir avec quelques petites choses originales. De fil en aiguille, l’accueil du restaurant se fait petite épicerie fine, proposant tout un tas de produits originaux et de qualité.

Aujourd’hui, toujours plongées dans le flou total et l’incertitude absolue, les portes de La table de la Chapelle sont loin d’être restées fermées et s’ouvrent chaque jour de la semaine, en attendant l’annonce d’une réelle reprise. Ici, peu importe le contexte, le sourire, ainsi qu’un accueil chaleureux sont toujours de rigueur et vous donnent un peu l’impression de replonger dans un passé un peu plus lointain, lorsqu’on allait faire ses courses chez l’épicier du coin. On vous connaît, une attention vous est portée, toute particulière… épicerie « oui », mais une épicerie haut de gamme, même si improvisée avec les moyens du bord, ce qui donne finalement tout son charme à la chose. Les denrées de base du début de l’initiative ont fait place à tout un tas d’autres plaisirs : des plats à emporter toujours aussi bons, mais accompagnés d’autres propositions, toutes plus originales les unes que les autres. Des huiles d’olive primées, des épices mélangées et adaptées à tout un tas de type de plats différents, des chocolats, des préparations pour gâteau, des apéritifs prêts à l’emploi, avec ou sans alcool, de la Mayo améliorée au gin, des cookies ou des muffins pour chiens… etc. Tout un tas de produits pour les plus gourmands, ainsi que pour les autres, histoire de ne pas sombrer dans l’oubli… Mais de se faire plaisir tout de même en attendant de pouvoir revivre. Des produits sélectionnés avec soin et amour du goût par Christophe et ses équipes, à la recherche de qualité et d’originalité. Des produits que vous ne trouverez pas en grande surface, ne fût-ce que par la vibration laisse par le battement de cœur encore chaud de ceux qui les ont pensées et créées.
Loin d’être bon pansement sur une plaie béante, il ne s’agit pas là d’une alternative en attente d’autre chose… Ce concept -là porte ses fruits et donne à l’établissement une perspective incroyable. Un concept qui s’affine au rythme des jours qui passent et qui compte se développer, même après la reprise. Si tant est que celle-ci décide enfin de s’installer un jour sur nos tables de restaurants… Ou sur ses terrasses dans un premier temps. Celles du restaurant sont d’ailleurs en cours de préparation pour l’été, transformées en petite plage privative qu’elles seront. Espace de co-working, les pieds nus dans le sable un petit verre à la main. Christophe, optimiste et battant pense à tout et compte bien ne pas laisser le temps prendre le dessus dans la bataille. Ça charbonne donc, histoire de préparer les journées ensoleillées en ville, histoire de donner à notre belle saison, bien dépourvue de départs en vacances, de pouvoir tout de même revibrer au son du rythme ensoleillé.
Un endroit à visiter absolument si vous êtes en quête de bonne cuisine, ou de petites choses pour vous faire plaisir. Après tout, la rébellion ne commence-t-elle pas par le fait de refuser de mourir à petit feu ? Celle-ci ne se fera pas, en tout cas, sans le soutien donné à ces belles initiatives et à ces gens dont le cœur ne vibre que pour combler les nôtres d’instants de bonheur !
Scylla…
LIENS :
LA TABLE DE LA CHAPELLE