Bad mood et big flop…
Lancer une marque de vêtements… Une idée qui peut faire rêver plus d’un jeune. Rêve qui, lorsqu’il parvient réellement à voir le jour, peut faire vibrer et emmener haut ceux qui auront été assez fous pour emprunter ce chemin qu’on sait plus que parsemé d’embûches. Pourtant, ce doux rêve peut parfois virer au cauchemar. Petit zoom sur une vidéo faisant le buzz depuis quelques jours à ce sujet.
Si la marque « Badmood Paris » ne vous dit rien, jusque-là rien de très étrange… D’abord pensée en janvier 2020, la marque de vêtements streetwear a finalement vu le jour un an plus tard, avec tout l’enthousiasme qu’on peut imaginer à l’opération. Un an après son lancement, c’est le désenchantement total pour son créateur, qui publie, début décembre 2021, une vidéo « coup de gueule » sur le réseau social Tik Tok, sous le titre ironique « Comment perdre 400.000 euros ». Un dernier coup de pub, chronologie des faits, que celui-ci s’offre en pied de nez au monde de l’influence… Car c’est bien de cela qu’il s’agit, un règlement de compte avec une pratique qu’on pourrait penser porteuse de résultats et pourtant…
Location d’un local, communication marketing, packaging moderne et tendance… Tout aura été pensé pour que l’opération soit porteuse de résultats positifs. Tout, y compris, histoire de frapper fort, le fait d’injecter du cash, plusieurs centaines de milliers d’euros, auprès d’influenceurs « célèbres ». En gros, le calcul était simple : jouer le jeu des pseudos célébrités, demandant des sommes parfois astronomiques pour un post, une photo sur Instagram, une vidéo en story, vantant les mérites de la marque portée pour l’occasion par ces personnages appelés à influencer le grand public. 22.000€ pour Nabila, 45.000€ pour Michou, 10.000€ pour Alix… Une facture qui s’allongera jusqu’à la somme de 152.700€ qui, à en croire les influenceurs, aurait pu rapporter beaucoup plus. « Beaucoup ont refusé, d’autres ont accepté. Plus on payait, plus ils acceptaient » raconte le créateur de la marque.… Au final, 90 commandes dont la somme s’élève seulement à 84.000 euros seulement. Un projet qui n’a malheureusement pas porté ses fruits !

Que faut-il retenir de la chose ? Et bien tout simplement d’arrêter de croire que le monde de l’influence est aussi magique que ce qu’on veut bien nous le faire croire. A titre d’exemple, le créateur de la marque illustre sa vidéo de chiffres clairs et précis. Après avoir payé 22.000 euros à Nabila, grande prêtresse de l’influence française, c’est seulement la somme de 2.300€, que son code promo aura rapporté. Michou, après avoir été payé 45.000€ n’aurait rapporté que 4.600€ de vente… Un véritable flop, contrairement aux belles promesses apportées. Comment expliquer cela ? Tout simplement parce que, comme je l’explique souvent, les chiffres qu’on arbore fièrement, tel un trophée de chasse affiché sur nos réseaux sociaux, ne sont QUE DES STATISTIQUES… Chiffres à qui l’on peut faire dire tout ce que l’on veut ! Et la pratique n’est pas nouvelle, elle est même assez répandue. J’ai moi-même été assez interpellé lorsque nous avons pensé travailler avec des influenceurs luxembourgeois « grande région » à l’occasion de notre dernier événement. Nous les avons donc contactés en expliquant la démarche, l’essence du salon… Beaucoup nous ont répondu, sans même parfois réellement s’intéresser à ce que nous produisions, nous envoyant cash systématiquement des sommes basées sur on ne sait pas vraiment quel calcul, proposant une story à 3.000 ou 5.000 euros pour parfois à peine 3.500 followers sur Instagram. Bien entendu, nous n’avons pas décidé de jouer ce jeu- là, préférant injecter ces montants dans la qualité du salon, plutôt qu’à une communication plus que scabreuse.
On pourrait bien entendu remettre en question le fait d’injecter autant d’argent dans un projet surfant sur un marché plus qu’encombré… Et évidemment, sans doute à raison. Lancer une marque avec de tels budgets, autant de quantités, de stock qui dorment les premières semaines les premiers mois, tout cela est en effet plus que maladroit. Et pourtant, pour qui aurait cet argent et qui voudrait donner naissance à une marque tendance, ce sont ces montants là qu’il faut savoir investir. Un flop total, dans le cas qui nous concerne ici, soit 80% du stock qui reste invendu et qui sera finalement bradé à prix cassés. Pourtant, tant le design des vêtements, que la communication surfaient parfaitement sur la tendance… Malheureusement, le chemin choisi aura eu raison des reins de la marque. Ce qui aura été pensé comme un gros coup marketing sera finalement ce qui jouera contre les ventes, l’image de Badmood Paris étant mêlée à celle d’influenceurs, le public refusant de payer pour porter un vêtement porté par ces pseudos célébrités.
Au final, on retiendra que parfois on va au cirque, qu’on paie son ticket pour rire, pleurer et applaudir les clowns… Qu’on ressortira de là en se disant qu’on a passé un bon moment et qu’on y retournera sans doute. Pour autant, est-ce que demain on se mettra à aduler les clowns, à prendre leurs traits et à agir comme eux ? Si on est adepte d’un comportement rationnel, la réponse est clairement non. Ici, l’histoire racontée, dont les faits et les chiffres n’engagent bien évidemment que celui qui la raconte, prouve par A + B que tout cela ne repose que sur du vent. Ce n’est pas parce qu’une influenceuse nous montre ses belles voitures, sa belle villa à Dubaï que ces bien lui appartiennent vraiment… On connaît l’histoire des promoteurs immobiliers qui « prêtent » des villas aux influenceurs, pour en faire la promo et voir augmenter leur chiffre. Pas sûr, pour le coup, que ce soit un bon choix ! On en reparle dans quelques années 😉
Scylla…
P.S :Pour découvrir la vidéo en question, cliquez ici !