Ce pauvre Fenouille incompris…
La cuisine, parfait reflet de notre jolie société, peut se réveiller bien souvent très ingrate, oubliant, délaissant, étouffant parfois certains trésors dans la multitude des noms donnés aux plats, noyant le poisson dans l’eau et dans les appellations marketings. Il est pourtant des bizarreries sur lesquelles il est parfois bon de s’attarder, histoire de voir ce qu’on nous met dans nos assiettes et savourer ainsi encore mieux l’instant… Je vous présenter le Fenouil !
Décider de changer son comportement et de se diriger vers les producteurs locaux n’est pas toujours de tout repos… C’est ainsi que régulièrement, lorsque je vais acheter mes fruits, légumes et mes herbes (celles avec lesquelles on cuisine, je vous rassure…) chez” Les paniers de Sandrine”, il m’arrive de rester figé l’espace d’un instant devant quelque chose que je n’ai jamais vu… Ainsi, avec sans doute un air bête assez interpellant, j’ai parfois tendance à me saisir de la curiosité en question et de me diriger vers un des membres du staff avec cette question bête « tiens, c’est la nouvelle collection ? ». Sauf que non, dans l’agriculture traditionnelle, celle qui n’expérimente pas à la façon « bébé éprouvette », il n’y a guère de « nouvelle collection » Scylla ! Juste des légumes, des fruits, des herbes délaissés il y a quelques années, sous motivation d’une « non conformité » aux désidérata de notre douce société, toujours plus avare de fausse perfection.
Il m’aura fallu donc vivre durant quelques années en toute ignorance de légumes comme le Fenouil… Un légume oublié parmi d’autres, sous son aspect un peu curieux et son goût interpellant. Absent des cantines, des menus familiers, de la cuisine de mamy et de ses comptines elles aussi noyées aujourd’hui dans le temps. Effacé de l’histoire, comme si ce pauvre légume avait commis je ne sais quel délit… Une tentative de meurtre, peut-être, sur cette sale tomate toujours sous le feu des projecteurs, ou une tentative de viol sur cette carte toujours plus sexy et populaire. De Fenouil donc il n’a jamais été question pour moi. Il est vrai qu’à mieux y regarder, cette bizarrerie aux allures de racine un peu étrange, semble ne pas disposer des courbes qui la rendent commerciale aux yeux de la grande distribution… Une silhouette, renflée et cordiforme, qui rappelle les schémas d’anatomie cardiaque. Un style travaillé, se dessinant donc de multiples couches côtelées, savamment imbriquées, tout en soulignant la ligne féminine et arborant un joli colet vert tendre.

Coté goût, c’est une puissante et singulière saveur anisée qui se distingue largement des autres légumes du potager d’antan… C’est d’ailleurs bien là ce qui fait grimacer les plus frileux, évitent les sauces à l’aneth et bannissent la badiane (anis étoilé) de leurs menus. En France, seul un ménage sur cinq achète du fenouil au moins une fois par an, selon une étude de la filière fruits et légumes. Sa place dans nos assiettes demeure très marginale, bien loin de l’usage courant, varié et populaire que lui réservent nos voisins italiens. Pour les autres, plus aventuriers du goût, comme je les appellerais, le fenouil se consomme parfois sous sa température fraîche, pour des perspectives nouvelles et des expériences culinaires qui sauront ne pas nous laisser de marbre. Pour les moins expérimentés, le fenouil se consommera de préférence chaud, histoire de pénétrer la matière en douceur et d’envisager par la suite de se faire frissonner (de plaisir ?).
Cette catégorie d’article ne serait pas ce qu’elle est s’il n’y avait guère de collaboration avec mon amie Sandrine, des paniers du même noms, chez qui vous pouvez vous rendre chaque semaine, n’est pas sans nous rappeler qu’en matière de surprise culinaire, à défaut de fantasmer, il est encore tout un tas de perspectives politiquement et correctement envisageables, sans vexer la ménagère de moins de 50 ans… N’hésitez donc pas à oser passer la porte de marché de la vente directe chez l’agriculteur. Paraitrait-il que l’amour peut se trouver dans le pré… Mais, finalement, n’y a-t-il pas plusieurs sortes d’amour ?
Bonne découverte.
Scylla…
LIENS :
LES PANIERS DE SANDRINE
Vente directe à la ferme
Les mardis et vendredis de 15h à 19h
266 rue Principale
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