Comme un soupir que l’on achève…
L’on pourrait aisément extraire une partie de son âme pour l’enfermer dans une boîte de métal, lourde et brûlante, pour ainsi l’envoyer à la mer… Au gré des torrents et des vents, elle voguerait vers d’autres cieux, espérant échouer sur la plage d’une île étrange, faite de mystères et de légendes. De contes absurdes, racontant l’ivresse de la vie et l’émoi. Entre tourment, brûlure décadente et succube atypique, les pages brûleraient de passion… Bienvenue dans l’univers symbolique de Nicolas Bruno.

Avez-vous déjà croisé un homme à genoux sur la plage, tenant sur son dos une maison en feu ? Un être à cheval, dont on ne peut deviner le genre, tous deux recouverts d’un long linceul vous invitant à passer les contrées de la mort ? Un homme torturé, allongé sur son lit et rattrapé par ses démons ? Des amoureux, séparés tous deux par des mondes qui les opposent ? Si cela venait à être le cas, n’ayez crainte et osez ne pas fermer les yeux, vous venez de basculer dans des mondes sans demi-mesure qui, à eux seuls, bousculent souvent des montagnes… Au minimum. A défaut de les mettre au feu, de les noyer de sang ou de les dépeupler de toute idée de vie. Souvent, l’on se sied à se pencher sur l’œuvre d’un artiste peintre, durant des heures, laissant l’âme voyager sur les mille routes tracées par l’homme derrière le tableau. Plus rarement, mais avec beaucoup de talent, l’homme en question délaisse le pinceau pour avoir recours à des techniques plus modernes, notamment celle de l’objectif… Capturer un instant, pour le retranscrire et le raconter à sa façon.
L’univers raconté par Nicolas Bruno, jeune photographe New-Yorkais, est hautement empli de symboles, invitant à l’interprétation, celle qui est propre à chaque sensibilité… Bousculant les codes de la logique, repoussant les limites du temps et noyant ses spectateurs dans un océan d’émotions toutes plus bouillonnantes les unes que les autres. Des flammes, de l’eau, le ciel, la terre, autant d’éléments qui constituent une humanité utilisant l’étymologie du mot “Symbole”. Désignant l’analogie que cette poésie souhaite établir entre l’Idée abstraite et celle chargée de l’exprimer. Pour les symbolistes comme Nicolas Bruno, le monde ne saurait se limiter à une apparence concrète réductible à la connaissance rationnelle, qui ici n’a plus sa place. Il est un mystère à déchiffrer dans les correspondances qui frappent d’inanité le cloisonnement des sens : sons, couleurs, visions participent d’une même intuition qui fait du poète une sorte de mage. Le symbolisme oscille ainsi entre des formes capables à la fois d’évoquer une réalité supérieure et d’inviter le lecteur à un véritable déchiffrement : d’abord voué à créer des impressions, notamment par l’harmonie musicale, un souci de rigueur l’infléchira bientôt vers la recherche d’un langage inédit.

Alors même que le temps semble s’être enivré de la brûlure des eaux du Styx, l’on voit émerger au loin des mains d’hommes, de femmes, de morts et de vivants. Sans entendre leurs cris, l’artiste les subjugue pourtant, leur donnant ici la précision des dieux et le pouvoir de l’infini. Il ouvre les portes sur un univers qui peut attirer, tout autant qu’il peut provoquer la frayeur. L’émotion, elle, n’a plus qu’un seul et unique but : s’exprimer et inviter à passer les portes de l’esprit. Des mannequins désarticulés qui viendraient à prendre vie, des songes vous attirant vers eux de leurs mains livides, la douleur se racontant autrement… J’aimerais tant me noyer dans ces eaux, m’endormir auprès des flammes pour me réveiller et devenir un élément de cet univers qui me sied tant.
Scylla…
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NICOLAS BRUNO PHOTOGRAPHY
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