Dévoré, son corps nu…
Cela fait peut-être de lui un pauvre imbécile, mais à l’instant il se dit qu’il peut mourir, que tout peut s’arrêter… Dans l’extase des peaux qui s’entremêlent, la chaleur coule d’extase et lui susurre à l’oreille la démence de l’infini….
A l’heure qu’il est, il flirte dans le noir, sans trop savoir dans quelle bouche sa langue va se perdre. Et s’il fait noir après tout qu’importe, puisque nous sommes tous nus face à la volonté des dieux. En clair obscur, il refuse de réfléchir, il s’est noyé peut-être à tout jamais, qui sait ? Loin du monde il peut sourire et puis gémir, sous la caresse de toutes ces mains qui se baladent sur son corps. Lorsque l’habit tombe, ses yeux se posent jusqu’à fixer l’horizon oblique. Le reste ne compte plus. Atypique, c’est un peu comme s’il vivait machinalement, le cœur en marche arrière, plus rien ne signifie… Seule la chaleur, celle des corps, des lèvres, de la peau douce comme celle d’un enfant.
Quelqu’un lui a mordillé l’oreille et là, ivresse, je t’aime encore… C’est un bordel, amas de chair. Il sent la peau qui se frotte à la sienne et la moiteur quand ils transpirent, que les mains se laissent aller au va et vient. Allongé sur le dos, il apprend à ne plus penser, juste à savourer l’instant comme jamais. Il se dit que c’est dingue, que si l’amour ne noie pas, la sulfure elle par contre peut nous immerger jusqu’à nous en étouffer. Il veut que ça coule, comme le sang dans ses veines et l’obscurité qui ne lui laisse présager qu’une profonde descente dans les limbes du désir. S’évader dans le noir et s’oublier… Respire encore… Les regards sont ceux des loups qui ne veulent que le dévorer.
C’est comme si mille mains s’étaient posées sur son corps… L’espace d’un instant, est-ce d’une folie, il aimerait que de leurs doigts ils le déchirent. Que le sang gicle, bouillonnant et qu’on le boive pour se mêler à l’éternité. Des lèvres mouillées le rappellent à la vie lorsqu’il s’enfonce tellement loin qu’il pourrait deviner le goût de son âme. Tout autour, les loups se réjouissent comme ils jouissent et se délectent du tableau. La tête tirée en arrière, il n’est plus que soumission, mais il rigole car il sait que tout à l’heure il piétinera le monde de sa semence. Comme un courant d’air, une silhouette se dessine dans l’entrebaillure de la porte… La lumière ne dessine que les contours de son corps nu, qui se distingue parmi les autres.
Vient alors s’asseoir sur leur étreinte d’une ferveur bouillonnante. Il ne sait plus vraiment, mais se laisse guider au rythme infernal de la pénombre et des baisers qu’on dépose sur son cou. Son rythme cardiaque ressemble à celui des nuits les plus caniculaires… Une pluie analogique, notion ascétique qui désigne l’élévation de l’âme vers les choses célestes. Il n’oubliera jamais ce corps qui n’appartenait qu’à lui, et les traces de ses ongles laissés sur son dos. Il a déposé un baiser, sans aucune tendresse, mais autant d’ivresse sur le bas de son ventre. Un grain de beauté, histoire de pouvoir peut-être un jour deviner. Le reste il le laissera enfermé dans la nuit.
Nulle place à la sensualité, là où les heures passent, le plaisir trépasse. Il reste allongé, au milieu de quelques âmes perdues. En toute intimité, cette nudité n’a plus rien à cacher… De temps à autre une main le rappelle à la nuit qui se terminera bientôt. Il veut que ça transpire encore, mais dans le noir, toutes les bonnes choses ont aussi une fin. Une cicatrice, laissée par la morsure de cet être meurtrier, s’ est dessinée sur son échine souillée. Un sourire en coin, laissé dans un recoin de son âme humide et de toutes ces caresses. Il s’est oublié, s’est laissé inonder l’espace d’une lune qui sera bientôt pleine. Minuit est bien loin de ce cul si divin. Le corps s’est épris, d’un cœur bien endormi.