Coup de plume

Edito #02 Et les vrais héros ?

« Homme, souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». Le dimanche, c’est l’édito… Je m’épanche sur mon monde comme on se penche sur le monde. Je dépose mes mots sur les maux de la terre… Mes moods comme on jette une bouteille à la mer. Chaque page comme celle d’un livre où je me livre. Une page blanche sur laquelle je dépose une goutte de sang…

Cher journal…

Confinement +14… À l’heure où mon plafond commence à me parler, j’ai de sérieux doutes sur mon état mental… J’observe le monde, comme à mon habitude, mais l’observation est plutôt restreinte : en effet, la paranoïa ayant rejoint la connerie parfois beaucoup trop profonde, sur Facebook, il ne me reste que la télé (que j’avais déjà tendance à éviter) et la fenêtre pour regarder mon monde, continuer à tourner au ralenti, sans moi. Et tous les matins, je vois mon mari partir bosser… Tous les matins, c’est une façon de parler… Car matin, après-midi, nuit, le personnel soignant n’a pas attendu la crise sanitaire pour accompagner des vies au pire, au mieux les sauver ! Parce que la crise que nous traversons c’est ça aussi… L’inquiétude sur notre santé, sur notre avenir, sur nos entreprises, sur le monde et la planète en général. Additionné à cela, je pense à mon mari qui chaque jour part charbonner et prendre soin de ceux qui en ont le plus besoin.

Depuis la période de confinement, une partie du monde a pris l’initiative de sortir la tête par la fenêtre, tous les soirs à 20h, pour applaudir le personnel soignant, les pompiers, le personnel des grandes surfaces etc. Et si au, départ j’ai trouvé l’idée plutôt sympa, j’ai vite ouvert les yeux sur la réalité de notre société et sa vision plutôt sélective des choses. On sort, on passe le bout du nez par la fenêtre, pour applaudir des gens pour ce qu’ils font… Un peu comme pour se donner bonne conscience, avouons-le. Et comme le bout de notre nez, moi le premier, semble être la seule chose plus ou moins visible dans notre petit monde, on vient, depuis 14 jours, de se rendre compte que le personnel soignant se sacrifie chaque jour pour nous… Comme si avant ce n’était pas le cas ! On vient de se rendre compte que le personnel des services hospitaliers, des services d’accompagnement de la personne existent et qu’ils sont débordés. Bah non… Et pour vivre avec l’un d’eux, je peux vous garantir que cela ne fait pas deux semaines que c’est le cas… C’ est leur quotidien.

La vie d’un soignant n’est pas toute rose… Bien au contraire ! Elle est faite de scénarios durs, qu’il est difficile à envisager pour la plupart d’entre nous. Il faut affronter au quotidien la tristesse, la violence, la douleur… Parfois la mort. Pour mon mari, le quotidien s’accompagne d’une main donnée à des personnes fragilisées par la vie, isolées parfois du reste du monde, qui n’attendent parfois que la fin d’une histoire pour d’autres. Au premier regard, cela peut sembler plutôt banal, mais j’admire les gens qui font ce métier, tant le poids des choses qu’on place sur leurs épaules doit être pesant. Moi qui le regarde évoluer au quotidien, toujours de bonne humeur, toujours avec le sourire et l’envie de « rire de tout », j’admire cet homme qui prend encore le temps de me soutenir et de m’encourager dans tout ce que je fais. Je ne pourrais pas me faire ici « porte-parole » de métiers qui ne sont pas miens… Mais j’ai les yeux ouverts et je vois tous les jours, j’entends ce que ces gens vivent. Et fort heureusement, si ce quotidien n’est pas uniquement composé de drames et de tristesse, je sais que je serais totalement incapable de l’assumer comme eux.

Non, cher journal, le personnel soignant n’existe pas uniquement depuis deux semaines… Non, il n’a pas attendu que nous ouvrions les yeux sur son existence pour être débordé, pour s’occuper de l’autre, mettant parfois sa santé en  danger, oubliant souvent qu’il n’est certainement pas considéré à sa juste valeur !!! En cette période de confinement, nous avons tendance à regarder un peu plus loin, tout autour de nous ce qui se passe, histoire de combler notre ennui. Mais peut-être devrions-nous y rester pendant encore quelques années, histoire de perdre ce côté nombriliste qui nous sied tant. Sortons tous les soirs le bout de notre nez par la fenêtre… Mais dans ce cas, faisons-le à partir de maintenant, chaque jour que la vie nous donnera à vivre, période après-confinement aussi ! Parce que ces gens là, nous mettons notre vie dans leur mains… Et si ce n’est pas aujourd’hui, car nous n’en avons pas besoin, ce sera pour demain !

Les vrais héros ne sont pas ces gens qu’on paye une fortune pour courir après un ballon ou ruiner le monde. Les vrais héros sont ceux qui se sacrifient pour veiller sur nous.

Tout mes respects à ces gens !

Scylla…
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