Edito #03 Je m’imagine…
« Homme, souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». Le dimanche, c’est l’édito… Je m’épanche sur mon monde comme on se penche sur le monde. Je dépose mes mots sur les maux de la terre… Mes moods comme on jette une bouteille à la mer. Chaque page comme celle d’un livre où je me livre. Une page blanche sur laquelle je dépose une goutte de sang…
Cher journal,
A l’heure où les beaux jours annoncent leur arrivée, ce putain de confinement éclipse la lumière, histoire de ternir, un peu plus profondément encore, mon quotidien. Au fil des jours, je perds la notion du temps qui passe, au détriment d’une réalité qui se fait de plus en plus sombre. Mon âme divague, elle s’encre un peu plus profondément dans l’ennui et erre sur cet extérieur qui semble définitivement ne plus m’appartenir.. Je suis paumé… Je me suis perdu entre mes murs… Ceux-là même qui semblent être devenus ma prison ! Alors, j’imagine…
J’imagine… Mon âme vagabonde et se prêtent des scénarios plus abasourdissants les uns que les autres… Je deviens, au fil des heures, celui qui fuit les forces de l’ordre après un crime atroce… Celui qui se cache du reste du monde, en espérant que le monde n’entende le souffle de sa respiration… Je suis celui que l’on cache pour mieux protéger le témoignage dans un procès de grande instance… Je suis celui qui, par peur du pouvoir qu’il a trahi, se cache pour fuir la colère… Je suis celui qui, subjugué par la mort, a peur de se blottir dans ses bras et envisager la fin d’une histoire.
L’ennui s’installe et me déconnecte de la réalité… Cette réalité brutale et fragile à la fois. Celle qui me fait mal lorsque j’envisage mes lendemains. Les mots m’abandonnent à tel point que la seule perspective qui tente encore à me rassurer est celle qui n’existe que lorsque je ferme les yeux. Le monde semble s’être arrêté de tourner… Et je ne sais plus que t’écrire…