En imaginant que tu sois un homme…
Une fois de plus, je me retrouve au beau milieu de cette pièce vide et froide, pour t’écrire ces quelques mots… Dans cette nuit qui m’assassine, c’est comme si le silence d’habitude si amer, s’était fait voeux de devenir quiétude. Malgré la douleur et la tristesse qui sont les miennes, c’est avec ma plume que je décide de fracturer les maux, de les poser une dernière fois, en espérant que tu les lises…
Le temps semble s’être arrêté… Ou est-ce moi… Dans l’idée d’un vertige qui s’éprend de moi, mes larme ne coulent plus… Pas plus que ces gouttes de sang qui ont remplacé le tic-tac du temps, donnant au silence quelque chose d’hypnotique. J’ai déposé les lames, ayant bien compris que plus rien n’avait d’importance à tes yeux… plus rien de « nous » en tout cas ! Dans la nuit, d’ivresse, je me suis noyé dans le désespoir, lorsque j’ai découvert ce baiser et les traces qu’il a pu laisser sur ton armure. L’empreinte d’une autre, d’un corps étranger aux nôtres… Du mien, que tu ne regardes plus entre autres. La folie me fustige et remplit mon cœur d’une abysse profonde.
En imaginant que tu sois un homme… Tu peux attendre là, à mes côtés, juste encore une nuit… Elle peut attendre. Elle t’a attendu, elle t’attendra… Juste une nuit, une dernière nuit, pour graver un dernier émoi, un dernier souvenir de cette histoire qui était nôtre. En imaginant que tu sois cet homme… Je ne te demande pas de me toucher ou de me parler… Je n’attends pas que tu soignes mes larmes, juste que tu restes là à me regarder m’endormir profondément…
N’attends pas de moi que je te regarde en souriant… Je sais que cette nuit sera la dernière, qu’elle doit t’attendre un verre à la main, l’impatience qui fut la mienne étant devenue sienne. Je n’ai plus ces mots que tu attends de moi, cette douceur a disparu au moment où vos lèvres se caressaient, pendant que mes veines s’ouvraient. L’orage est passé, ne reste plus que l’odeur de la pluie qui a tout recouvert de son manteau que j’ai tant aimé. En ces heures, plus d’échos ne s’offrent à moi, je n’ai trouvé que l’absence… pire, le dégoût. Je ne peux plus imaginer écrire une suite à notre histoire… De toute façon, tu t’en fous, le livre est déjà refermé.
En imaginant que tu sois un homme… Tu peux attendre là, à mes côtés, juste encore une nuit… Elle peut attendre. Elle t’a attendu, elle t’attendra… Juste cette nuit, une dernière nuit, pour graver un dernier émoi, un dernier souvenir de cette histoire qui était nôtre. En imaginant que tu sois cet homme… Je ne te demande pas de me toucher ou de me parler… Je n’attends pas que tu soignes mes larmes, juste que tu restes là à me regarder m’endormir profondément…
Ne me parle pas de pudeur quand sur ton corps on peut encore déceler l’odeur de ses lèvres. Que je devine encore l’empreinte de ses mains, sur l’échine qui fut celle que tu aimais tant me voir contempler. Le souvenir de ses draps te donnent un air de guerrier invaincu… Celui-là même aux cotés duquel c’est moi qui combattais il y a peu. Sa bouche doit être douce comme du velours pour t’avoir fait oublier la mienne, trouble audace que ces nuits que je n’ai pas dû voir venir. Plus d’émotion, tu ne m’aimes plus… Tu m’abandonnes…
En imaginant que tu sois un homme… Tu peux attendre là, à mes cotés, juste encore une nuit… Elle peut attendre. Elle t’a attendu, elle t’ettendra… Juste cette nuit, une dernière nuit, pour graver un dernier émoi, un dernier souvenir de cette histoire qui était nôtre. En imaginant que tu sois cet homme… Je ne te demande pas de me toucher ou de me parler… Je n’attends pas que tu soignes mes larmes, juste que tu restes là à me regarder m’endormir profondément…
Petit à petit, plus rien ne semble avoir d’importance… je m’enfonce dans la nuit, dans ce silence qui m’a tant fait peur et dans lequel je me meurs aujourd’hui. Le souvenir d’un homme, des mains qu’il a laissé sur mon corps, me semble à peine distinct. Tout semble s’envoler dans le plus profond des méandres de l’infini. Plus de maux pour donner le ton… La fièvre m’apaise dans cette étreinte avec mon corps. Allongé là, au milieu du sang, je divague et n’entends plus ta respiration. Plus de nous… Plus d’émoi… Que des souvenirs auxquels je viendrais bientôt me mêler. Mais encore… Te souviendras-tu seulement de moi…
En imaginant que tu sois un homme… Tu peux attendre là, à mes cotés, juste encore une nuit… Elle peut attendre. Elle t’a attendu, elle t’attendra… Juste cette nuit, une dernière nuit, pour graver un dernier émoi, un dernier souvenir de cette histoire qui était nôtre. En imaginant que tu sois cet homme… Je ne te demande pas de me toucher ou de me parler… Je n’attends pas que tu soignes mes larmes, juste que tu restes là à me regarder m’endormir paisiblement… Nos cœurs séparés ne pourront y survivre. Attends… Reste encore s’il te plaît… Que je ferme une dernière fois les yeux, en oubliant d’exister.