Coup d'œil

Evan, 17 ans, 90.000 Followers…

Le temps de l’insouciance n’existe plus… Cette phrase, nous l’entendons souvent, lorsque le sujet de la conversation se pose sur les jeunes générations. Et pourtant… L’insouciance n’existerait-elle pas simplement d’une autre façon, relookée sous d’autres codes, agissant autrement. J’ai rencontré Evan, un jeune homme de 17 ans, qui commence à se faire une place sur le réseau social Tik Tok. Du haut des presque 10.000 followers qu’il a conquis en seulement 4 mois, il vit sa vie de jeune adulte, sans trop se poser de question, tout en gardant un œil sur le contenu qu’il offre à ses abonnés, histoire de ne pas déraper et de tomber dans les pièges.

Oubliez Facebook et Twitter… Sur le premier « Il n’y a plus que les darons », sur le deuxième les règlements de comptes et autres publications jugées trop sensibles n’intéressent plus, car jugées trop trash. Aujourd’hui, tout se passe sur un Instagram en phase de devenir trop sage et le réseau social numéro un chez les jeunes générations Tik Tok. Le contenu diffusé à la Une du réseau, les Pour toi sélectionnés pour votre œil par l’algorithme, se construit avec très peu de texte, laissant place à l’image pure, à la vidéo ! Elle est là l’alternative des jeunes en réponse au confinement qu’ils n’ont pas toujours compris à défaut de l’apprécier, en 2020… Exister et partager en live ses instants de vie Car l’autre particularité de l’application présente dans 155 pays et accessible dans 75 langues, comptant à son actif plus de 800 millions d’utilisateurs actifs dans le monde, ce sont ces séances lives, sans limite dans le temps (contrairement à Instagram), que les utilisateurs peuvent partager avec leurs abonnés mais aussi le reste du monde, interagissant avec lui dans l’instantané. 

Les lives c’est aussi ces instants qu’Evan considère comme des moments uniques, dans lesquels il se réfugie dès qu’il en à l’occasion, pour y retrouver sa communauté. Mais de qui s’agit-il ? Evan est un jeune garçon de 17 ans, qui a commencé à surfer sur la vague Tik Tok il y a quatre ou cinq mois… Un de ces bg qu’on pourrait croire dessiné au pinceau tant ses traits sont presque parfaits. Étudiant en terminale, lorsqu’il ne diffuse pas sur Tik Tok et qu’il n’est pas derrière les bancs d’école, il s’adonne à sa passion numéro un : la musculation ! C’est avec un certain enthousiasme et sans aucun filtre qu’il accepte de répondre à mes questions… S’amusant de la situation, avec un regard très mature sur les sujets que nous allons aborder par la suite. Parce que voilà, 90.000 followers, c’est quand même frôler la barre des 100.000 personnes qui le suivent pour se plonger régulièrement dans son quotidien. Un chiffre qui peut faire rêver certains et en rendre jaloux d’autres… Pourtant, il prend ça avec beaucoup de recul « C’est fou, mais c’est pas du tout énorme comparé aux sommets qu’atteignent d’autres personnes ». Lorsque je lui demande comment il aborde les choses et l’avenir, sa réponse est sans équivoque « Pour l’instant je n’envisage pas grand chose, c’est fou d’être suivi par autant de monde, mais ça ne change pas la vie. Je continue mes études, je me concentre là-dessus comme ma priorité ». 

Là où les générations plus adaptées aux réseaux classiques portent un regard très critique sur le plus jeune des réseaux sociaux, peut-être un peu à juste titre puisqu’il s’assimile un peu à une sorte de cour des miracles virtuelle, Evan y porte quant à lui un regard assez positif. « Je trouve que le réseau est très bien géré, contrairement à Twitter par exemple. Même s’il y a beaucoup de dérapages, dans les commentaires, je trouve que l’app est bienveillante, il y a beaucoup de bonnes personnes, ce qui permet d’élargir le champ d’horizon. On peut se montrer sans la peur du jugement… On s’en fout du regard des gens ». Et en effet, contrairement à d’autres réseaux, la plateforme est connue pour être un véritable champ de libre expression pour les personnes issues de communautés trop souvent mises de côté. Ainsi les jeunes peuvent parler, partager, apprendre, de leurs différences, étant eux-mêmes, sans devoir s’inquiéter de la critique volontairement toxique. Un système de modération, mis en place par l’utilisateur lui-même, permet de faire le tri et de muter les indésirables, venus pour faire régner le désordre et le chaos sur les lives. 

Ses 90.000 followers, il ne les explique pas… Si vous lui demandez « comment il en est arrivé là », il vous répond qu’il ne sait pas. Au moment de passer lui-même à l’idée de la diffusion, il tentera de se faire remarquer en montrant simplement ce qu’il sait faire, en faisant rire, être lui-même, sans jouer de rôle, quitte à ne pas intéresser ou à ne pas choquer. « Ca faisait bizarre d’être vu par autant de personnes » me confie-t-il avant de reprendre « Les gens qui suivent mes lives sont devenus des amours avec moi. Ils me connaissent pour ce que je suis réellement. Je ne joue pas un rôle, je n’ai pas construit de personnage, contrairement à certaines personnes ». Pour la petite histoire, le soir précédent l’écriture de cet article, il aura versé ses premières larmes « en live » ému et touché par les preuves d’amour communiquées par sa communauté. Un moment qu’ il me livrera avec émotion mais qu’il gardera ancré dans sa mémoire et intacte, puisqu’il ne sera pas rediffusé… Tant pis pour ceux qui n’y auront pas assisté !

Pour autant, sa vie n’a pas changé… Evan reste un grand ado, presque adulte, qui compte bien continuer à vivre sa vie de façon tout à fait normale. Un utilisateur donc qui n’aura pas basculé dans les travers d’une popularité fragile et instable, puisque ne reposant que sur peu de choses. Evan ne chante pas, il ne danse pas, il prend soin de son corps et en prend bien soin, mais il ne considère pas là qu’il s’agisse d’un réel talent. Il a juste su plaire en étant lui-même… A contrario de beaucoup d’ados se voyant pousser des ailes alors qu’il se rendent compte qu’ils sont « adulés » par d’autres après avoir créé un buzz parfois qualifié de bad. Parce que sur Tik Tok, on peut faire des vues et être suivis en s’étant mal fait remarquer ou en ayant construit un personnage dérangeant ou profondément surjoué. La fin justifiant les moyens, pour des jeunes en mal de vivre, ne se sentant exister que lorsque les regards digitaux sont braqués sur eux. Et dans ce cas la sentence est sans appel… Là où les utilisateurs de Twitter peuvent vite basculer dans le trash, ici les commentaires s’inscrivent d’une encre d’ultra-violence totalement décomplexée, quitte à risquer les sanctions momentanées. « Je me refuse l’incitation à la haine… Tout comme je refuse de jouer un rôle, le piège est facile, mais on se fait trop vite avoir à ce jeu là ». Car vous l’aurez compris, on peut encore se faire connaître tout en connaissant et maîtrisant parfaitement bien le définition du mot éthique, une conjugaison que se fait souvent Evan, afin de ne pas basculer dans la zone du « bad buzz », travers dans lequel il s’est promis de ne jamais basculer. 

Au final, on retiendra d’Evan ce coup de cœur qu’il aura tout simplement déclenché en sachant se montrer comme il est… Lors de ses lives, il partagera, comme tout jeune de son âge, son quotidien, ses fous rires, ses coups de gueules, ses incompréhensions face au monde qui continue de tourner, ne se souciant pas de sa popularité qu’il sait peut-être passagère. Il continue à mener sa vie, en toute humilité, se voulant accessible, open à la discussion et surtout pour seul moteur l’envie de découvrir le monde et ceux qui le peuplent.  Evan est ce que l’on peut appeler une jolie rencontre qui ne bousculera sans doute pas votre vie, mais qui peut déclencher une certaine affection, en réponse au constat d’une personne venant s’asseoir à côté de vous sur un banc, au beau milieu d’un parc et qui se mettra à converser avec vous. Un jeune homme déjà adulte dans sa tête, doté d’une maturité précise et en phase avec le monde qui l’entoure.

Scylla…

LIENS :

SUIVEZ LE

Tik Tok : @3van0_0

Instagram : @3vanez