HELLO – IL, était une fois Léon…
J’aurais presque pu choisir de ne pas basculer dans l’histoire commençant par un « il était une fois… ». Et pourtant, cette phrase qu’on a déjà subjonctivisé à tous les temps, prend ici tout son sens dans son sujet : Léon ! Avec un peu de chance, vous croiseriez ce p’tit gars dans la rue sans vous retourner sur lui. Ou peut-être sur sa belle petite gueule ! Car faut l’avouer, le mec est plutôt beau gosse… C’est lorsque Léon balance sur son Insta une phrase du genre « Je n’ai jamais autant d’euphorie de genre que lorsque que je pisse au pissoir » que le doute s’installe et susurre à la réalité des nuances toutes autres.
Avez-vous remarqué comment certains petits détails insignifiants de notre quotidien peuvent paraître complètement inutiles, voire devenir un véritable calvaire? Se raser le matin, par exemple… Un geste tout con, qui bien souvent nous pompe quelques minutes d’un sommeil qu’on aurait préféré encore un peu profond. Et puis parfois, ces gestes dont nous nous passerions avec plaisir peuvent, pour d’autres, prendre tout le sens d’une vie. « Certains gestes peuvent être banals, mais pas celui-là. Me raser me procure un sentiment d’amour pour mon corps, d’accomplissement, de plénitude. Heureusement que ces moments d’euphorie existent, ils me permettent de plus ou moins supporter ma dysphorie ». Ces mots ne sont pas les miens, ce sont ceux de Léon. Des mots qui accompagnent une simple photo de « lui ». Une photo « banale » où le modèle qui prend ici la pose, se rase face au miroir. Le sujet, ici Léon, se compose au subjonctif de l’indicatif présent, ou quelque chose du genre… Aujourd’hui au masculin, mais ça n’a pas toujours été le cas… Parce que parfois la vie décide, quoi qu’il en soit, de faire les choses autrement et de conjuguer au féminin de l’imparfait, quand on voudrait qu’il le fasse au masculin du plus que parfait.

Pour celles et ceux qui n’auraient pas compris la nuance, Léon, qui a accepté d’être mon invité ce soir, dans la capsule « Hello » en live Instagram est un mec transgenre. Comprenez à travers ce mot : des personnes dont l’identité sexuelle psychique ne correspond pas au sexe biologique. La « belle » version du mot transcende, qu’on décidera aujourd’hui de ne plus utiliser, celui-ci ramenant l’idée de la transition à celles des organes génitaux, médicalisant au passage nos identités. Parce que la nature est ainsi faite, certains d’entre nous naissent dans un corps qui ne leur convient pas… Non pas par caprice, mais par essence ! Parce que l’âme, celle qui nous habite, qui fait vibrer notre cœur fait vœu de choix qui ne sont pas toujours des choix. On nait homme ou femme, mais on ne nait pas ce qu’on est. Pour réellement comprendre, il faut s’aventurer sur des terres loin, très très loin des vieux clichés que les médias ont tendance à nous balancer à la gueule histoire de nourrir nos petits côtés vicieux et voyeurs au possible, toujours prêts à avaler du sensationnel bien scandaleux… Du spectacle ! Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est l’être humain et son fonctionnement complexe. Celui d’un homme qui nait dans le corps d’une femme ! Est-ce une erreur de la nature ? Peu importe, il n’est pas à nous d’en juger… Seul compte ici le besoin devenu plus que vital d’une personne humaine exprimant le désir de devenir ce qu’il est tout au fond de lui.
« Mon corps a toujours été celui d’un homme, même avant ma torsoplastie (mastectomie). C’est juste la société qui ne le percevait pas comme tel ».
Pour la petite histoire, la mienne cette fois, je visionnais une vidéo sur le net il y a quelques jours, où des mecs s’exprimaient… Je ne sais plus vraiment de quoi la vidéo parlait, mais je me souviens de ce moment où mon cerveau a buggé, l’espace d’un instant en adéquation incohérente entre le son et l’image. Un mec s’y exprimait… Avec la voix qu’on lui attend… Mais le contenu de la phrase racontait autre chose. C’est seulement après être revenu quelques secondes en arrière que j’ai compris la subtilité de la chose : Léon avait changé de genre, sa carte d’identité indiquait « féminin » pendant que tout son être criait « masculin ». Osons les mots… Puisqu’ils n’ont rien ici de sale, de péjoratif ou de coupable. Bien évidemment, déformation professionnelle oblige (ou ne serait-ce tout simplement que de la curiosité finalement ? Parce que celle-ci n’est pas toujours à considérer comme un vilain défaut…) je me suis penché sur son profil, après avoir contacté le média propriétaire de la vidéo. On les en remercie d’ailleurs, ils ont contribué à ce que j’appelle une « belle » rencontre ! Et si les médias nous ont habitués, depuis qu’ils osent effleurer le sujet, c’est trop souvent avec des clichés que le sujet y est abordé. Sauf que non, ceci n’est pas la réalité… Ou si ce scénario peut s’avérer l’être (et pourquoi pas finalement), il n’est pas à considérer comme une référence du genre. C’est immédiatement cela qui m’a plu dans le profil de Léon… Il clame son choix que d’oser passer à l’acte, suivant cette longue et sans doute pénible procédure et le cheminement qui le précède, commençant par l’acceptation pour finir peut-être par l’opération. L’homme nouveau expose en toute transparence sa démarche, ses fêlures, sa sensibilité pour montrer, expliquer, faire comprendre que non, il ne s’agit pas ici d’objets déshumanisés, mais bien d’hommes et de femmes, comme vous et moi, qui n’ont juste pas eu la chance que nous avons eue sans nous en rendre compte.
Ainsi donc Léon expose et dessine son histoire tel un témoignage sur son compte Instagram… « Le » média par excellence où tout est parfait, étant de bon ton de montrer à nos followers que la vie est rose (ou peut-être bleue parfois ?), aussi parfaite qu’on pourrait la rêver. Un joli pied de nez à notre société, où Léon vient à bousculer les codes, histoire de marquer les esprits, quitte à pouvoir déranger par moments. « Parfois j’arrive à sentir mon torse comme celui d’un homme, même si ce n’est pas ce qu’on me dit » exprimait-il donc en juin 2019, sur un cliché, obligé de cacher les tétons d’une poitrine de femme sous des autocollants noirs. Pourtant la nudité ici n’évoque pas l’idée de la sexualité, mais bien celle du genre… Celui dont Léon ne veut plus pour lui. Au fil du temps, les nuages passant, l’histoire va se raconter, parfois nue, parfois crue, définissant les différentes étapes de sa transidentité. Rappelant à qui veut le lire qu’un cas n’est pas l’autre et que l’étape de la transition médicale n’est pas à voir comme nécessaire ou une fin en soit pour qui veut assumer sa réelle identité. Tantôt avec provocation, tantôt avec humour, souvent avec impertinence, Léon va exposer son corps pour mieux affronter le regard qui est posé sur lui… Il bouscule pour mieux pouvoir dédramatiser, pour en rire, ça décomplexera et ça déstimagtisera. Dans mes notes, en préparant cet article j’avais noté « en toute humilité », loin du spectacle qu’on aimerait qu’il joue. Je finirai finalement par écrire « en toute humanité » celle qu’on aime à se rappeler qu’elle existe encore loin d’une société où tout se joue par les apparences.

Inévitablement, vous tomberez aussi sur cette vidéo qui ,moi, m’a touché… Une parmi tant d’autres malheureusement, où Léon expliquera, témoignera d’une agression, lorsqu’il est tout simplement posé dans une gare avec sa copine et que le couple est abordé par deux mecs jugeant, critiquant, insultant. Un peu comme si leur fausse virilité tellement naturelle était atteinte dans le choix de l’autre. Toujours tellement sûrs d’eux, convaincus qu’ils sont d’être les « mâles dominants », que la simple vue d’une personne peut venir remettre en question toute leur fausse existence. Leur masculinité ici remise en question, c’est un autre type de provocation qui s’installera, celle qui s’accompagne d’une violence extrême… L’un d’entre eux finissant par cracher sur Léon. Et c’est bien là que repose tout le problème. Le regard de cet autre qui nous juge constamment dans ce que nous sommes sans rien avoir demandé, sans même se soucier de celui ou celle qui vit, pense, pleure et saigne derrière ce corps dont on enlève toute existence, toute essence, toute humanité pour lui faire endosser ce rôle d’objet pour mieux satisfaire notre ennui. Et puis après les regards, après la bête curieuse, il y a la bête fantasmagorique, celle à qui il est bon de prêter des histoires qui ne lui appartiennent pas. On pose les questions… Toutes les questions, même celles qui dérangent. « Après tout puisque tu montres, autant tout dire »… Parce que c’est bien connu, à partir du moment où on se revendique dans sa différence, on accepte de se mettre à nu sur la place publique, acceptant l’analyse à la loupe, sans aucune pudeur ni aucune intimité. « Vous voulez qu’on vous accepte, qu’on vous comprenne, qu’on vous soutienne, mais si on a l’audace de demander, vous nous envoyez chier c’est ça ? » commentera un follower. Ainsi donc après avoir combattu contre ses propres démons, il semblerait de bon ton, pour ne pas basculer dans l’obligation, de devoir lutter contre ceux des autres.
Au delà de toute cela, ce qui moi m’a touché et ému c’est la personne humaine, qui n’a finalement pas de genre, pas de sexe, juste cette identité qui lui va si bien, belle, vulnérable et si humble. Parce que, osons l’avouer, la moitié d’entre nous n’auraient pas le mental pour oser affronter ce que Léon et beaucoup d’autres doivent subir pour pouvoir tenter de vivre épanouis. Je ne peux pas comprendre, je ne suis ni sensibilisé, ni confronté à cette réalité… Je ne peux que lire, voir et écouter. Ce témoignage- là, moi, m’a touché dans mon âme. Je ne peux que le féliciter, le soutenir et l’encourager. C’est pourquoi j’ai décidé d’inviter Léon, ce soir, dès 20h30 dans la capsule live Instagram « Hello », où j’interviewerai le jeune homme, tout en respect, sur son parcours et son regard sur les choses mais aussi ses projets. Vous aussi vous aurez la possibilité d’assister à cette rencontre, de poser des questions et surtout d’entendre. On se retrouve donc ce soir !

Retrouvez toutes les informations pour découvrir l’histoire de Léon via sa page Instagram en bas de page, comme d’habitude… Ainsi que celles où assister au live de ce soir. Et si vous ne pouvez pas le faire, la vidéo restera disponible dans nos IGTV.