HELLO, le merveilleux monde d’Instagram…
Qu’il est joli ce monde où tout semble parfait, qui ne craint ni la tempête, ni la grisaille… Les oiseaux chantent alors que le soleil vient à peine de se lever. Les princesses maquillées et toute pimpantes au saut du lit sont fiancées à de beaux princes, grands, forts et compréhensifs. Ils s’en vont travailler en sifflotant, le sourire aux lèvres, de la boisson qu’ils ont en main la marque bien apparente. Puis quand vient le soir, la musique démarre à la façon d’une comédie musicale, pour montrer comment la vie est belle… Et rose… Remplie de paillettes et de petits cœurs… Et on voudrait aussi nous faire croire que la marmotte fout le chocolat dans son putain d’emballage ?
Quoi ? Votre vie n’est pas parfaite ? Vous n’êtes donc pas Instagrammable ! Du verbe Instagrammer, comprendre montrer aux autres que sa vie est en tous points parfaite pendant que les autres bouffent de la grisaille à grands coups de pelle. Des selfies largement filtrés, aux repas sortis tout droit d’un bouquin de cuisine de luxe, en passant par les couchers de soleil en amoureux… Sur le média social Instagram tout semble parfait dans le meilleur des mondes. A tel point que des études révèleraient que certaines couches de la société éprouveraient une baisse d’estime de soi, dépression et autre regard noir sur le monde… le leur en l’occurrence ! Conclusion : Instagram serait le réseau social le plus nocif pour la santé mentale et le bien-être de ses usagers !
Basé sur la mise en scène (avantageuse à outrance) de la réalité et de sa propre vie, l’application entretient cette fameuse peur de rater l’instant ! A tel point que les yeux de la société seraient aujourd’hui rivés sur l’instant à travers l’écran de leurs smartphones. Qui n’a jamais fait cette expérience, parfois assez désagréable, de vivre un moment magique et de constater que celles et ceux qui nous entourent regardent, vivent le même instant en ayant les yeux non pas braqués sur celui-ci, mais sur leur écran de téléphone, lui-même dirigé vers le moment tant attendu ? A tel point que plus aucun briquet ne s’allume finalement lors d’un concert, les flashs de nos iPhones ayant remplacé l’objet. Vivre l’instant « oui », mais le capturer semblerait devenir la priorité… Et peu importe si l’intensité ne sera aussi forte qu’elle l’aurait pu, tant que le souvenir une fois partagé sur l’app nous ramène envie et autres jalousies du reste du monde.
Autre phénomène inquiétant, la dévalorisation du corps… S’il y a quelques milliers d’années la vision du genoux de la femme semblait être l’objet de tous les fantasmes auprès de la gente masculine, aujourd’hui il semblerait de bon ton de prendre la pose: les fesses en évidence… « Bien » en évidence… Quitte à suggérer l’acte avec deux fois rien sur la peau. Sans vouloir parler d’anxiété sociale, la dévalorisation de son propre corps, au vu des abdos saillants et #healthy qui défilent sur les homepage. A l’inverse, son concurrent devenu le plus direct : YouTube apparaît comme le réseau social aux effets les plus bénéfiques : baisse de l’anxiété de la dépression et du sentiment de solitude. Because ? Une censure complètement différente, le premier ayant décidé de ne censurer que lorsqu’il y a vraiment acte… Le deuxième appliquant une politique beaucoup plus drastique, ne permettant pas à ses utilisateurs d’utiliser la nudité ou l’érotisme pour emporter les suffrages, likes et autres followers.

Dans l’idée d’un classement des différents réseaux sociaux à succès, il est intéressant de constater qu’Instagram, Snapchat et le sulfureux Tik Tok sont le plus mal classés en termes d’impact sur la santé mentale et le bien-être. Ces trois plate-formes étant particulièrement centrées sur l’image, suscitant un sentiment d’anxiété et de n’être pas « à sa place » chez les jeunes générations. Fanny Georges, sémiologue et maître de conférence à La Sorbonne, spécialiste de la représentation de soi et de l’identité numérique explique : « Instagram est une application très liée à l’affect. Sa présentation sous forme d’images, sans mises en mots ou presque, implique un rapport très affectif au contenu, pas forcément rationalisé ». Selon elle, l’aspect vicieux du média social reposerait dans le concept même de sa page d’accueil, plaçant la lumière de la même façon sur tous les instants capturés. On se comparerait donc au nombre de likes et autres vues.
Pour être populaire donc, oubliez les dimanches affalés dans le canapé, les matins pas maquillés et autres moments de solitude ou de réflexion toutefois nécessaires au bon développement de l’être humain. L’usage intensif des réseaux sociaux et la dépression sembleraient donc intimement liés, s’entretenant l’un l’autre dans un cercle particulièrement vicieux. On agirait en fonction des autres en permanence, son regard rivé sur nous à travers nos profils, noyés dans un processus de validation. Dès qu’un moment libre se glisse, toutes ces applis s’en emparent pour arriver à nos fins, salissant tout moment triste comme faisant de nous des sprints ou des gens « moins bien », nos vies ne valent que trop la peine que nous vivions. Or, le fait de passer du temps seul à ne rien faire compte beaucoup, pour la conscience de soi et la réflexivité. Il n’y a plus de place pour la réflexivité, ce qui implique une hausse de la dépression. L’autre effet délétère, est qu’on intériorise les représentations des réseaux sociaux qui sont des applis marchandes : plus on va consommer, être beau, plus on va être heureux. C’est un univers de superficialité, de l’injonction.
Scylla…
