Coup de sang

La discrimination à caractère variable…

Ça me fait rire quand, tout autour de nous, je constate que l’indignation se fait relativement variable, tant elle peut devenir séduisante. On se braque… On s’offusque… On s’exclame des « Oh, i am shocked »… Parce que l’homme est ainsi fait et qu’il est plus que jamais versatile. On crie au racisme, à l’homophobie, au sexisme, jusqu’au moment où la discrimination devient positive. Mais justement, avant de crier au loup une nouvelle fois, parlons-en… 

On me demande parfois, en me parlant des sujets un peu farfelus de mes articles, pourquoi je ne parle pas plus d’homosexualité ? Parce que c’est ainsi, toute personne qui sait, qui me connaît, toute planète ou étoile en orbite autour de moi ou qui me suit un minimum sait que… Et pourtant, en effet, je ne ressens pas ce besoin tout particulier que de le crier sur tous les toits, exposant ma vie dénudée de tout voile au regard du moindre inconnu. De la pudeur ? Non… Juste la vie qui fait que j’ai peut-être cette chance de ne jamais avoir subi, ou presque. Par contre, l’indignation s’étant parfois abattue sur moi, lorsque j’exprimais mon point de vue, m’a parfois qualifié d’homophobe !

Et c’est ainsi… La grande liberté d’expression que nous défendons à corps et posts depuis quelques années, à défaut d’avoir compris, ou d’en avoir entendu parler avant certains attentats, se dessine plus ou moins librement selon l’arbitrage qui nous sied à en faire. Et c’est justement ce constat qui me fait marrer… Cette faculté que nous avons de crier au scandale à la moindre petite étincelle, pour ensuite venir nous réfugier dans ce petit confort si douillet, mais tout autant criminel, que nous tentions d’assassiner quelques jours auparavant. Car bien entendu, dans notre sillage, ne semons-nous pas si bien ce vieil adage qu’est le « Faites ce que je dis, pas ce que je fais… ». 

Pour parler de moi, parce que me prendre comme exemple déstigmatisera avant de faire fuir l’orage (quel comble), parlons d’homosexualité… Genre, puisqu’il faut rentrer dans les cases. Dans un pays comme les nôtres, Belgique, France, Allemagne, Luxembourg… Dans la différence qui me qualifie si bien, je suis protégé de toute discrimination. Ainsi, si mon patron venait à me virer, me refuser une promotion (que je mérite) ou me refuser un emploi « à cause de mon homosexualité », celui-ci serait passible de peines plus ou moins lourdes aux yeux de la justice. Dans le même ordre d’idée, je ne peux pas me mettre à crier « sale pd », « bougnoule », « gros tas » ou « salope »… Vous remarquerez que mon indignation à moi me force à supprimer les majuscules de ce qui ne me sied guère. Ça ne se fait pas, c’est de la discrimination… Et la discrimination, c’est mal !

Pourtant, dans nos moments d’indignation sur les réseaux sociaux… Parce que c’est principalement là qu’il est facile de s’offusquer, il y a un certain degré de discrimination que nous tolérons, mieux, que nous encourageons… En grands hypocrites que nous sommes (oui, je m’inclus dans le lot, parce que mon statut d’homme fait aussi parfois de moi un gros con). Ainsi, une association ou regroupement de chefs d’entreprises qui refuserait d’ouvrir ses portes à un entrepreneur à la peau noire, serait très vite qualifiée de « raciste ». Par contre, un regroupement de chefs d’entreprises à la peau noire, c’est quelque chose de « normal ». On appelle ça la discrimination positive ! Vous voulez d’autres exemples ? Un videur refusant à un couple d’homosexuels d’entrer dans la boîte de nuit pour laquelle il fait « le tri » serait très vite fustigé par les associations. Par contre, cela ne dérange absolument personne de voir les boîtes de nuits dites « gay » de fermer leurs portes aux femmes, « Monsieur il peut entrer, mais ce sera seul… ». Encore un, parce que vous n’avez pas vraiment bien compris ? Lorsqu’une marque prétendue « éthique » met un soin tout particulier à baser sa communication sur les différences que l’ont peut rencontrer : transgenre, homosexualité, couleur de peau, obésité… Et qu’elle fait coïncider l’agenda de ses campagnes avec les faits d’actualité, personnellement, j’appelle cela de la récupération politique. 

Et notre société adore cela… A tel point que depuis quelques années, il est bon, en matière de recrutement, de remplir les cases. Je l’ai appris lorsque j’étais manager, il y a quelques années, pour une grande marque de fringues à Bruxelles. Après avoir participé à une « Journée de sélection » où nous étions tout un tas de managers, par équipes de deux et nous rencontrions un grand nombre de candidats postulant au poste de vendeur. Après avoir fait, avec mon collègue, le tri entre les CV que nous avions retenus et ceux que nous n’avions pas retenus, nous avons dû présenter notre « équipe parfaite » à un DRH, celle-ci s’était vue refusée et « à revoir » because « ne correspond pas assez aux exigences en matière de diversité ». Lorsque j’ai expliqué que nous avions placé notre choix sur les compétences des candidats, je me suis vu répondre que je devais « éliminer certains profils en doublon ». Vous ne comprenez pas ? Je ne l’ai pas non plus compris à l’époque, j’ai donc insisté… A ce moment-là, on m’a répondu qu’idéalement nous aurions dû choisir plus de « profils ethniques » et « qu’il nous fallait aussi une grosse ! ». La copie a donc été revue sur base de photos et non plus cette fois sur le résultat des rencontres de la journée. C’est ainsi… Il faut remplir et cocher les cases ! Mais ça ne dérange absolument personne…

Du coup, je rigole… Je rigole quand je vois d’un côté le politiquement correct et absurde qui donne le ton et nous fait faire des bêtises sous prétexte de « plaire à tout le monde ». Je rigole lorsque nous entrons dans des trains qui nous amènent en aller direct vers cette destination que nous fustigions il y a peu. Pourtant, c’est la même, mais on nous l’a présentée différemment cette fois… Et cette argumentation là nous plait ! On nous vante, et à juste titre, la richesse de la diversité et de la mixité. On nous chante que faire des différences et mettre de côté les différences c’est mal… A ce moment-là, on va souvent évoquer l’histoire, parce que si on est un peu bête, on comprendra mieux. Mais on oublie de nous expliquer que de la discrimination reste de la discrimination. Et que la discrimination, c’est mal !!!

Scylla…