Coup d'œil

La naïveté apaisante de Dawson…

Avec le couvre-feu, l’ennui commence sérieusement à venir titiller de plus en plus près notre conception de l’enfermement… Pas de soirées, pas de fêtes, pas de potes, juste nos quatre murs et nos écrans pour seule ouverture au reste du monde. Et parce qu’on n’a pas toujours envie de se plonger dans un livre et de laisser la souris tourner sur sa roue à l’intérieur de notre crâne, le recours à l’un de ces écrans (le plus grand généralement) est une bonne alternative à la neurasthénie ! Ça tombe plutôt bien, Netflix a décidé de ressortir des vieux cartons une série qui aura marqué la fin des années 90 pour tout bon ado de l’époque qui se respectait…

Si nous disposons aujourd’hui de tout un tas de plateformes distribuant les séries en veux-tu en voilà, avec l’Internet pour spoiler nos lendemains, dans les années 90, la réalité était tout autre. Et lorsqu’une série parvenait à conquérir le cœur et l’intérêt des adolescents, un véritable culte voyait alors le jour, marquant parfois toute une génération… Ce fut le cas de 1998 à 2003, où la plupart des adolescents se mirent à suivre les aventures sentimentales et les peines de cœur d’une bande de jeunes lycéens, vivant dans une petite ville du Massachusetts. ” Dawson” ou « Dawson’s Creek » dan sa version originale, série Teen drama par excellence mettait en scène la vie de son personnage principal  « Dawson Leery et de ses amis  Joey, Pacey, Jen, Jack et Andie. Des triangles amoureux, des relations interdites, la solidité des amours fraternels ou encore des thèmes avant-gardistes pour l’époque, cette série qu’on pourrait aujourd’hui qualifier de « ringarde » pourrait facilement nous replonger dans nos vieux souvenirs, à défaut de nous remettre du baume au cœur.

C’est en effet bien loin des sujets tendance « post apocalyptiques » du moment que cette série nous replonge… Ici, pas de zombies, de bombe nucléaire, de complots, d’épidémie ou d’effondrement de notre belle société. Il n’y aura même pas l’ombre d’un mort pour venir ternir l’horizon d’ailleurs. Beaucoup plus confidentielle que les séries de l’époque « Beverly Hills 90210 » ou encore « Les frères Scott », la romance ici racontée avait quelque chose de plus accessible à nos simples vies d’ados pas encore connectés au reste du monde. Rappelons qu’à l’époque, Internet, les smartphones et autres réseaux sociaux n’étaient que de beaux songes réservés aux phantasmes futuristes de l’après 2000… Les ados, pour vivre leur crise identitaire et développer leur regard sur le monde n’avaient donc que peu de possibilités. La romance proposée par les séries leur étant destinées avait donc quelque chose de salvateur et dessinait au fil de ses intrigues nos rêves de futurs adultes. Et à contrario de ses concurrentes, tout au long des épisodes, la série aura su aborder des sujets pertinents que la société effleurait encore avec pudeur : les premières relations sexuelles, la différence d’âge dans un couple, l’homosexualité, le suicide, le deuil ou encore les troubles psychologiques; pour beaucoup d’ados de l’époque, la série aura préparé, amenant le dialogue, la réflexion et l’ouverture d’esprit. 

Si c’est avec beaucoup de mélancolie ou de nostalgie que les anciens ados que nous étions à l’époque se replongeront dans les 150 épisodes, soit 6 saisons, les générations plus jeunes devront s’y attarder avec précaution, tenant compte du fait que le côté « innocent » dans lequel baigne la série était celui avec lequel notre génération abordait le monde à l’époque. Car hormis le sens caché derrières les plans dociles ou faussement rebelles, reposait un véritable apprentissage… Grandir, évoluer, devenir un adulte, les amitiés faites et défaites. Mieux, l’intrigue développait peut-être aussi quelque chose qui s’est perdu au fil du temps : l’importance des liens et de l’attachement dans nos amitiés. Innocence, déception, amertume, trahison, illusions… Beaucoup d’émois viendront ici s’enchevêtrer, construisant petit à petit les bases de nos identités d’aujourd’hui. Et puis finalement, même sans vouloir trop analyser les choses, cette série peut aussi se regarder avec toute l’insouciance que l’on peut se permettre lorsqu’il s’agit de s’abandonner à nos canapés. Quand on a finalement que le fait de pouvoir ouvrir les fenêtres pour pouvoir respirer, il n’y a pas de complexe dans l’idée de rêver un peu !

Scylla…
LIENS :

DAWSON

Années : 1998 – 2003 
Nombre de saisons : 6
Nombre d’épisodes au total : 150
Durée moyenne d’un épisode : 42 min
Genre : Drame / Romance
Titre original : Dawson’s Creek
De : Kevin Williamson
Avec : James Van Der Beek, Katie Holmes, Michelle Williams

Disponible sur la plateforme Netflix