Coup de plume

L’avènement des tueurs en série…

Quel ton dois-je donner à mes articles lorsque ce  je vois me plaît mais que mon esprit me bouscule ? Vidéos Tik Tok humoristiques, événements, goodies et autres accessoires à l’effigie de Jeffrey Dahmer serial killer canibal… Tout semble idolâtrer, suite au succès de la série créée, ce serial killer cannibale… Quitte à basculer dans le glauque et le malsain. 

S’il était ici question d’en faire une critique, je dois bien avouer que celle-ci ne serait pas l’une des pires qu’il m’ait été donné d’ écrire, bien au contraire. C’est d’ailleurs l’une des séries les plus regardées (ce qui en soi n’est pas toujours un gage d’une grande qualité) qui a cumulé 500 millions d’heures de visionnage durant les 28 premiers jours de sa diffusion et a suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux. Monstre – L’histoire de Jeffrey Dahmer, fait le récit de la vie et des crimes perpétrés par l’un des sérial killer les plus terrifiant de notre histoire, un homme surnommé « le cannibale de Milwaukee »… Une histoire qui, cinématographiquement à juste titre, a battu tous les records.

Pour rappel, Jeffrey Dahmer est un tueur en série, décédé en 1994, qui a assassiné 17 jeunes hommes gays dans les années 1980, pour la plupart afro-américains. Rapidement, la figure de Jeffrey Dahmer et l’univers qui y est associé (dont ses instruments de torture, ou son cannibalisme)sont devenus viraux sur la toile… Et ainsi le piège se refermait sur ces pauvres âmes immortelles que nous sommes. La série n’étant pas réalisée comme un documentaire, mais bien comme une fiction, avec une intrigue, une humanisation du personnage central de la série, celle-ci n’indiquant à aucun instant qu’elle est inspirée de faits réels, nous amènent à nous déconnecter intégralement de la réalité.

C’est bien là que se joue tout le drame de la chose… Au fil des épisodes, on se penche sur la psyché complexe du monstre, de longues minutes stratégiquement poignantes qui déconstruisent la monstruosité pour justifier l’injustifiable, tentant avec succès d’attendrir le spectateur et rendre à l’homme une humanité dont on aurait tendance à oublier qu’il a une âme, comme nous. La maladresse se mêlant au drame, un club du sud de la France ira , sous couvert d’une soirée thématique à l’occasion d’Halloween, jusqu’à dédier toute une soirée au tueur en série. Dans un montage relayé sur son compte Instagram, le club montrait des images de véritables victimes du meurtrier ainsi que des scènes de crime ensanglantées… Avec tout ce qu’on peut attendre de macabre et de glauque au geste.

Ainsi donc, la fascination que notre société voue aux monstres du genre,  pourrait pousser à voir demain une série racontant la vie d’un Marc Dutroux… Pire, voir celle-ci remporter un franc succès. Impossible ? Qu’est-ce qui différencie un monstre d’un autre monstre ? L’envoûtement parfois obsessionnel pour les tueurs en série ne date pas d’hier. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de constater que ces monstres reçoivent des dizaines de lettres d’amour de jeunes filles. Le récit développant un syndrome du Saint-Bernard autour de son personnage principal, lui prêtant une forme d’incompréhension, allant jusqu’à la victimiser. On va ainsi s’identifier à l’outsider, au mec à qui la vie n’a pas fait de cadeau, expliquant, de façon détournée, son acte de par un profond manque d’amour.

Sur fond d’une intrigue, d’un suspens, d’une forme de charisme malsain, notre société voue un culte décomplexé au mal et aux atrocités en tout genre… La une des journaux fait l’écho d’une ultra violence au quotidien. Lorsque demain, les monstres en devenir à qui nous sommes en train de donner vie, viendront à sortir du placard, ne sera-t-il pas trop tard pour regretter ? Les jeunes sociétés qui donneront demain le ton, à qui nous insufflons aujourd’hui le culte de soi, de non-mérite et de l’auto-satisfaction, est-elle armée pour ne pas se noyer dans cette sournoise ombre qui plane tout autour d’elle ? Nous qui avons eu le bonheur de pouvoir vivre une enfance réellement insouciante, ne devrions-nous pas nous questionner sur cette brutalité dans laquelle nous acceptons de submerger les plus jeunes d’entre nous qui quittent le cocon familial pour rejoindre les bancs d’école ? Il suffit de regarder le nombre croissant d’enfants tentant de se suicider, en réponse au harcèlement qui vient s’échouer à leurs pieds. Peut-on encore, en presque 2023,  s’autoriser à rêver ? Au risque que le rêve ne bascule vite au cauchemar ?

Scylla…