Le harcèlement… Et si on en parlait ?
A l’heure où 2021 devrait résonner comme l’ère absolue de la communication et de la bienveillance, plus que jamais le mot « harcèlement » est d’actualité tant il donne écho à beaucoup trop de situations. Harcèlement de rue, cyber-harcèlement, acharnement sur les réseaux sociaux, faux et vrais clash pour nourrir un audimat, cyber-criminalité, images pédo-pornographiques, hypersexualisation de l’enfant…A s’en demander si tout tourne toujours rond sur notre planète ?!
Lorsqu’on parle de harcèlement, nous savons toutes et tous de quoi il s’agit. Il se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Cette violence se retrouve dans la rue, mais aussi au sein de l’école, au travail et dans chaque recoin de nos espaces privés, par sa présence nocive sur le web auquel nous sommes hyper-connectés tout le long de la journée. Elle est le fait d’une ou de plusieurs personnes, des gens comme vous et moi, à l’encontre d’une victime qui ne peut pas toujours se défendre. Lorsqu’une personne est insultée, menaceé, battue, bousculée tant physiquement que psychologiquement ou reçoit des messages injurieux à répétition, on parle donc de harcèlement. Ces dernières années, l’idée du harcèlement a été sortie du placard, histoire de lui enlever ce côté tabou qui faisait de ses victimes « les gens de la honte », les isolant un peu plus au passage. Des solutions, tels un pansement sur une plaie béante, ont été proposées ou mises en place et pourtant… Rien ne semble changer !
Le harcèlement, dans une société se nourrissant d’une ultra-violence au quotidien, nous la subissons ou pouvons tous la subir, sans aucune exception. Après une longue conversation sur le sujet, il y a quelques jours, avec un ami, je me suis posé la question à savoir « et si moi, j’avais vécu ce que vivent les jeunes aujourd’hui, parfois au sein de leur école, comment aurais-je réagi ? ». Car voilà, à travers nos petits ou grands écrans, on a tendance à observer le monde tourner comme s’il n’était pas le parfait reflet de nos vies, mais plutôt d’une réalité envers laquelle nous ne serions que « spectateurs ». Pourtant, lorsque nous rejetons la faute sur « les plus jeunes » d’entre nous, nous oublions que « de notre temps » les ados, les enfants étaient aussi cruels que maintenant. Moi-même, à l’école, j’ai parfois pu subir une certaine pression sociale dans certains établissements que j’ai pu fréquenter, par rapport à une homosexualité naissante qui aurait pu se traduire à travers une certaine sensibilité ou certains gestes. Et si c’était le cas dans certains établissements au personnel éducatif, professoral peu regardant du climat de leur établissement, dans d’autres par contre un soin tout particulier lui était apporté, évitant toutes les dérives. Qu’est-ce qui fait que les dérives dangereuses que l’on connaît aujourd’hui n’étaient pas à l’époque ? La technologie… Cette « ouverture » sur le monde, que nous n’avions pas à l’époque.
Pour le comprendre, il faut savoir se rappeler que ma génération n’a pas grandi avec l’idée d’Internet… Celui-ci existait déjà mais n’était pas encore accessible comme il l’est de nos jours. Lorsque celui-ci s’est installé dans nos foyers, les seuls outils d’interaction directe avec le monde s’appelaient « Forum », « chat en ligne » ou encore « Messenger » la première messagerie instantanée déjà fort proche de l’app qu’elle est aujourd’hui. A l’époque, la modération tant à travers les « boots » que celle des modérateurs en chair et en clic réduisait les clashs à quelques secondes bien vite maîtrisées. Lorsque ceux-ci parvenaient tout de même à sévir, soit on n’y prêtait pas vraiment d’importance, soit les internautes se positionnaient relativement vite rappelant les règles de la bienséance, écartant de leur discours les personnes à l’initiative du débordement. Pourtant,, avec le temps, l’arrivée des réseaux sociaux, de la télé-réalité, l’hyper-accessibilité d’Internet, le comportement a changé, faisant place aux plus noirs desseins , libérant la frustration, donnant du pouvoir à la haine, la colère, le tout sous couvert d’un pseudo anonymat et d’un sentiment de toute puissance fourni par le simple fait de pouvoir agit depuis n’importe où, le bus, un parc, son lieu de travail ou encore son lit.

Le harcèlement, aujourd’hui, s’est fait une place sur Facebook, média en fin de vie, où il est devenu presque normal de venir déverser sa haine et sa frustration, crachant tout et rien, identifiant l’autre pour mieux l’insulter, le rabaisser, l’humilier. Le harcèlement est sur Instagram, dans cette réalité fausse et montée du toute pièce, rappelant continuellement à l’autre qu’il n’est qu’une version moindre de nous. Où certain(e)s iront même jusqu’à le mettre en scène histoire de surfer sur la vague, l’air faussement abattu, les fesses sur un lit de fortune… Scène très mal jouée, histoire de « lutter contre » parce que la lutte est devenue assez tendance pour rendre intéressant(e), ou tenter de… Le harcèlement s’est aussi installé pour les plus jeunes sur ces nouveaux réseaux que sont Snapchat, qui ne retient rien, si ce n’est les captures d’écran d’une nudité qu’elle encourage à travers ses « nus » éphémères ou le sulfureux Tik Tok… Réseau social des moins de 25 ans, où l’ado est seul maître et donne le ton aux adultes. On y montre l’exemple à travers une hyper-sexualisation du corps, peu importe l’âge, quitte à faire d’un enfant un adulte, sans passer par la case adolescence. Dernier scandale en date, la vidéo qui circulait il y a quelques jours, montage faisant croire à la décapitation d’une jeune fille, dont la deuxième partie de la vidéo était l’assassinat bien réel,lui, d’une adolescente mexicaine en 2019.
A vrai dire, le harcèlement, malgré les nombreuses tentatives pour l’éradiquer, semble avoir encore de beaux jours devant lui… Il s’est comme incrusté dans l’ADN de tout homme foulant de ses pieds le sol de cette planète. Comment le faire taire ? La question est bonne… On parle de la question d’une volonté d’identité digitale, dans les couloirs de l’Europe. Celle-ci se nourrissant de tout ce que nous consommons sur le net. Un peu comme si on mettait officiellement un nom sur ce qui existe déjà, histoire de sortir l’idée de l’ombre dans laquelle elle grandit déjà. Ne sommes-nous finalement pas déjà fichés au grand plaisir des publicitaires et autres grandes marques qui rachètent nos données pour mieux nous les refaire manger ? Problème, si l’outil peut sembler intéressant dans l’idée d’une lutte contre les abus, n’oublions pas que le hacking, lui aussi plus puissant que jamais, favorise le vol d’identité sur le net. Que se passerait-il donc lorsque nos identités nous sont volées dans le plus parfait des silences pour être utilisés à de mauvaises fins ? Faisant de nous, sans parfois même que nous le sachions, les plus dangereux des prédateurs.
Tout cela semble donc bien compliqué… Si l’outil, bien pensé et bien utile, s’avère être quelque chose qui pourrait faire avancer, encore une fois c’est la main de l’homme qui vient lui prêter une connotation sombre et tout aussi toxique que néfaste. Je n’ai pas la prétention d’avoir des solutions à apporter, ou même d’être un exemple à suivre. Je ne sais même pas s’il est encore possible de s’en extraire… J’ai pourtant trouvé bon d’en parler, de poser ces mots, à ma toute petite échelle, dans le but de peut-être faire réfléchir, comme je tente de réfléchir.
A méditer donc !