Les ténèbres mélancoliques du romantisme…
« Marche avec moi, dans les ténèbres qui nous entourent… Marche à mes côtés. Nous sommes la fin des mondes… La fin d’un tout… La fin d’un règne… Le dernier sourire posé sur le monde, avant de fermer les yeux. Viens avec nous… ». Bon nombre de personnes pensent à tort que la mélancolie est un sentiment de tristesse nous plongeant dans un état vague accompagné de rêveries. Bon nombre de gens ne se doutent même pas un seul instant du monde qui repose et vibre dans la mélancolie, à l’image du travail de Gabriel Guerrero Caroca.
Est-ce parce que le sang qui coule dans mes veines est en partie celui d’un artiste, ou parce que quelque chose s’est gravé à jamais dans mon passé ? Quoi qu’il en soit, la mélancolie m’habite depuis toujours et à contribué à dessiner ce que je suis aujourd’hui… Ce « qui » je suis ! Même s’il me reste peu de souvenirs de mon enfance, j’ai conscience que ceux-ci sont soulignés de moments où quelque chose d’invisible m’accompagnait, un sentiment du vide, une tristesse dans l’idée du temps qui passe. Ainsi, depuis toujours, lors de moments heureux, souvent, l’ombre vient se rappeler à mon bon souvenir.
Lorsque la brume se lève, souvent, elle est accompagnée du calme… Un silence qui peut apaiser, parfois, mais qui n’est pas sans rappeler qu’il sait aussi abriter la tempête qui naît en lui. Le bruit d’un corbeau… L’intensité de la fraîcheur… L’horizon impalpable qui singe le néant… Tant de choses qui peuvent suggérer l’idée de l’ombre et déranger celle de la quiétude. Lorsque j’ai découvert pour la première fois le travail de cet artiste qui m’est cher, c’est un écho que j’y ai trouvé… Une réponse à ma solitude profonde, une main qui plongeait dans la mienne pour m’accompagner dans le voyage.

Je suis fait de mes rêves, de mes envies, de cette brûlure qui trace ce chemin devant chacun de mes pas, mais aussi de cette part d’ombre qui ne m’a absolument jamais quitté. Il doit reposer en moi, j’imagine, un côté morbide… Mais en ce qui concerne ce quelque chose, je ne puis trouver les mots, pas ceux-là en tout cas. L’absolue crainte du vide, que l’on marche en permanence sur un fil sans filet de sécurité et que tout peut sombrer dans le mutisme de l’éternité, à chaque instant. Je me retrouve souvent, tout au fond de moi, à marcher seul le long d’une voie ferrée, contemplant l’indicible, sans entendre la moindre voix au loin.
Entre les lois narratives du conte de fée et celles de la réalité, l’artiste transcende mes peurs, il dessine mes angoisses d’un couteau à la lame acérée. A travers ce paysage, chaque synonyme peut laisser découvrir le plus sombre des secrets… Ceux qu’on ne nous dit pas. Qui imaginerait dans notre monde qu’un homme puisse être emporté par des ballons ? Ou que l’être s’évapore petit à petit, sans que l’on s’en doute ? Pourrait-on croire que la fragilité de la vie puisse être bousculée par la plume d’un oiseau qui vole ? Nous négligeons souvent l’ombre, alors qu’elle nous regarde vivre.
Derrière chaque sourire, il y a toujours en moi ce sentiment qui ne me quitte pas. Tantôt menaçant, tantôt endormi, il n’a de cesse de me susurrer à l’oreille ces mots qui ne présagent rien de bon. Pourtant, j’avoue que j’ai fini par m’en faire un ami. Et si je devine sa convenance alors que je lui tourne le dos, j’ai conscience que les mots qui m’habitent, ne sont pas toujours faits de cauchemars. Là où certains ne voient que la mort, j’ai appris à apercevoir l’avenir… On prête au néant une fin obscure… J’y vois pour ma part un monde qui abrite tout autre chose.
Scylla…

LIENS :
GABRIEL GUERRERO CAROCA
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