L’esprit malin est si sombre…
Qui est Marianne ? Marianne vous ressemble, elle me ressemble. Marianne est une sorcière… Privée de corps elle erre. Elle investit votre âme, elle investit votre corps. Elle s’empare de vous et vous possède… La seule chose que Marianne ne peut pas faire, c’est mentir sur son nom. Elle peut éviter la question, la détourner, mais elle ne peut pas mentir sur son nom. Elle est l’épouse d’un démon. La seule façon pour vous de vous débarrasser de Marianne ? Mourir… Bienvenue à Elden !
« Marianne » retenez bien ce prénom car, si vous n’avez pas encore eu l’occasion de vous pencher sur cette série horrifique signée Netflix, vous risquez bien d’y plonger pour ne plus jamais en revenir. « Marianne » est le nouveau prénom de l’horreur à la française… Le prénom d’une sorcière autour duquel tournent les romans écrits de la main d’Emma, romancière à succès dont la renommée s’est construite grâce à cette franchise de livres. Lorsque vient le jour où Emma décide de tirer un chapitre finale sur sa série, pour mieux passer à autre chose, ce qui se cache, tapi dans l’ombre de la fiction, va lui rappeler que la réalité est bien plus proche de ses récits que ce qu’elle pourrait croire. Et si tout porte à croire que cette série française ne pourrait rivaliser avec les plus grandes séries Netflix américaines, méfiance, il se peut bien que les codes de l’horreur ici évoqués pourraient bien vous y noyer.

Le plus compliqué lorsqu’on s’attaque au monde de l’horreur est de pouvoir surprendre là où d’autres n’y sont pas encore arrivés… Dans cette surcharge pondérale de films et de séries d’horreur dont on nous inonde depuis quelques années, il semble bien difficile de pouvoir relever le niveau. Pourtant, étrangement, dans la nuance, la série semble plutôt bien se distinguer tant elle fait référence à de grands titres de l’horreur à succès. A travers cette dernière scène du premier épisode par exemple, où les parents d’Emma se baladent nus dans la nuit, faisant tout droit référence au film « The visit », et ce n’est que le début. Autre exemple, cette scène de la main impossible à oublier du très célèbre « The grudge », je sais que vous savez de quelle scène je parle… Ici encore, une des scène de Marianne fait référence à ce souvenir intarissable de l’horreur gravé dans nos mémoires. Et dans les souvenirs évoqués lors d’une scène, il est question d’une séance de spiritisme qui finira par mal tourner, c’est le cas de le dire, puisqu’Emma, enfant, se verra possédée, rappelant la scène troublante de l’escalier dans « L’exorciste » de William Friedkin. Marianne reprends les codes et les place subtilement sur l’échiquier du montage afin de nous tenir en haleine avec beaucoup d’efficacité avouons-le.
Il faudra bien sûr rendre à César ce qui lui appartient… ou plutôt à Mireille Herbstmeyer, la révélation de la série, dont le nom ne vous dira sans doute rien, et pourtant ! Cette grande dame, habituée aux secondes rôles du cinéma français, au sourire diabolique et aux yeux terrifiants donne ici, à travers son rôle, un relief complètement flippant à la série. Chacune de ses apparitions, sous ses airs de vieille mamie maigrelette, nous terrorise et glace le sang, tant le rôle est exécuté à la perfection. Un jeu bien à la française, tout comme l’ambiance un peu glauque qui se dégage de la série… Et ce n’est pas pour nous déplaire. L’ambiance pesante nous met directement mal à l’aise à travers sa lumière crue et ses paysages tellement réalistes. L’onde nous dépasse, plaçant ça et là dans son sillage le doute frissonnant que quelque chose de pas très catholique va se passer. Loin de nous donc l’idée d’évoquer le cinéma du genre à l’américaine, Marianne fait référence en sachant ne pas se disperser et rester fidèle à ses origines.

Dans la complexité de l’histoire, l’ambiance de son encre, la maladresse s’invite parfois, plaçant de temps à autre un soupçon d’humour malsain et sarcastique, à la Stephen King, qu’il faut savoir aimer, à défaut de comprendre. Mais dans cette maladresse, une partie du secret de la série plaît plus qu’il ne dénote. La plupart des personnages secondaires resteront malheureusement dans l’ombre, ne parvenant pas à se démarquer de la trame et de son fil conducteur qu’est Emma. Marianne brille donc de succès lorsqu’elle tente de nous faire peur, mais échoue avec fracas lorsqu’il s’agit de se développer et de donner une réelle empreinte de vie à ses personnages ayant tout de même un rôle nécessaire dans l’histoire… Mais peu importe après tout, car Marianne se sied à nous faire peur, c’est le principal, le job est fait… Samuel Bondin, son réalisateur, quitte sa petite zone de confort et se lance dans un genre nouveau, parvenant à nous glacer le sang avec des armes bien françaises.
Et si la série ne se verra pas développer lors d’une deuxième saison, le public n’ayant pas été au rendez-vous pourtant prometteur tant à ses décors angoissants, qu’au jeu des acteurs plutôt bien foutu, la première saison, elle, reste à voir et à revoir !
Scylla…
LIENS :
MARIANNE
Septembre 2019
Age : 16+ 1
Saisons : 1
Genre : Séries d’horreur françaises
Nombre d’épisodes : 8
Durée des épisodes : 50 minutes
Casting : Victoire Du Bois, Lucie Boujenah, Tiphaine Daviot, Mireille Herbstmeyer
Créateurs et réalisateur : Samuel Bodin
Production : Raphaël Rocher, Lionel Uzan
Musique : Thomas Cappeau
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