Coup de plume

Mais cela, je ne vous le dis pas…

Il y a quelques mois, j’ai voulu #thestormiscoming telle une longue nuit d’hiver où j’aurai pu vous parler toute une vie, de tout et du vent qui souffle… Cette plateforme je l’ai conçue pour ce que je vis, ce qui vibre et se casse parfois au plus profond de moi, avec pudeur pour ce que je ne dis pas ou par exhibitionnisme pour ce que je choisis de montrer… Paradoxalement, avec tout ce que je suis. Parler toute la nuit et se dire tout ce qu’on ne se dit pas… Avant d’être trop grand et d’avoir peur du temps. Oser braver les interdits, j’ai parlé de tout et du temps qui passe. De toute sauf de ce pourquoi j’ai choisi la nuit. Mais cela, je ne vous le dis pas…

Souvent, dans des moments d’extreme lucidité, je pense, c’est un peu comme si je m’éveillais à la conscience humaine, reprennent peu à peu le dessus sur moi-même, et me questionne. Je me pose des questions sur le réel sens de la vie, sur l’existence ou nos lendemains. Je me demande ce qu’est réellement le temps, ce qui se passerait si… Ou si… Mais cela, je ne vous le dis pas…

La vie m’a appris que rien n’est gravé dans le temps, que rien n’est définitif, que tout est en mouvement perpétuel et que tout change. J’ai aujourd’hui conscience que rien n’est « à jamais » et que tout ce qui est aujourd’hui peut ne plus être demain. Mais cela, je ne vous le dis pas… Je ne vous dis pas que savoir ces choses change toute perception de la vie et que la mélancolie qui m’accompagne jour après jour ne me prête pas à profiter de l’instant, comme la théorie le voudrait. J’ai peur, je redoute et je crains.

Les interdits, je les déteste… J’aimerais passer mon temps à les braver, à désobéir, à provoquer… Mais le temps fait qu’il faut toujours penser à autre chose, qu’il faut tenir compte des éléments et de ce qu’il se doit de faire. Composer avec des facteurs qui ne me plaisent pas, qui m’encombrent, mais composer ainsi parce qu’on ne nous laisse pas le choix. Parce que la pensée unique… Parce que le politiquement correct… Parce que les âmes sensibles… Et puis le temps que les envies reprennent le dessus, le temps est passé, l’histoire est contée, la page est tournée. Mais cela, je ne vous le dis pas…

Les tempetes passent les unes après les autres, mais la passion est brutale… Et auto-destructrice. J’aimerais qu’on me raconte la fin du film, avant que les heures ne nous abiment. Crier que l’idée de créer est passionnante, mais que le vertige n’en est que plus violent. Que j’ai mal lorsque je me vautre, que les larmes, même perdu dans la foule, on besoin de couler. Qu’il faut s’habiller du sourire, alors que le couteau qui s’enfonce seconde après seconde, à chaque fois plus profondément, vous prête à sourire de douleur. Mais cela, je ne vous le dis pas…

J’ai voulu plaire à la masse… Sans bousculer, plaire pour faire atteindre et compter. Faire résonner la tempête, histoire que ses éclairs recouvrent le ciel du monde entier. Mais dans cette bataille, je me suis perdu, j’ai perdu mes maux et j’ai oublié de vous dire…. Vautré, sol contre terre, en plein tourment, peut-être est-il venu le temps d’oser se dénuder un peu plus. De concevoir les choses d’un autre oeil, de redéfinir l’envers et de parler de symphonie. Puisque le temps de la reconstruction est venu, peut-être devrais-je me demander s’il n’est pas nécessaire d’écrire autrement, de montrer autre chose, de découvrir une part du mystère… Parler de moi, de ce que je suis, de ce que je pense, de ce qui brille, qui pleure, qui brûle ou qui saigne en moi… Mais pour cela, peut-être faudrait-il accepter d’être humain et de se montrer comme tel ! La question est : En suis-je capable ?

Scylla PIERCE

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Crédit photo : Warren WONG