Martine préfère acheter dans les petits commerces…
On se souviendra de 2020 comme une année qui n’aura sans doute pas été positive pour beaucoup de monde… Parmi la longue liste des victimes du fléau qui a soigneusement ruiné notre année, les indépendants et petits commerces de proximité. L’obligation de fermer pendant plusieurs mois, des aides inexistantes ou qu’on pourrait comparer à un pansement sur une plaie béante et les géants de la vente qui eux se frottent les mains de voir ce scénario continuer à se dessiner, rien n’aura été fait pour aider les petits entrepreneurs. Alors, quand vient l’heure des fêtes de fin d’année et son lot de cadeaux à acheter, Martine se dit qu’il serait sans doute plus intelligent d’aller acheter dans les petits commerces, plutôt que sur Internet… Ne fût-ce que pour préserver l’avenir de notre liberté !
Depuis le mois de mars, aucun de nous n’aura pu éviter ces posts sur les réseaux sociaux, sensibilisant aux difficultés rencontrées par les indépendants et petites boutiques… A moins d’avoir décidé d’élire domicile sur une île déserte, ce qui en soit, n’est peut-être pas une si mauvaise idée que ça ! Dès l’annonce du confinement, les magasins, librairies, coiffeurs, artisans et autres petits commerces jugés par certains États comme « non-essentiels » se sont vus dans l’obligation de fermer boutique pendant plusieurs semaines. Si les gouvernements de nos pays ont tenté de rassurer en parlant d’aides octroyées, autant dire qu’il aura fallu que le système se mette en place, imposant dans son sillage tout un tas de petites règles, écrites en tout petit dans le bas de la page, décidant que pour telle ou telle raison, l’indépendant en question n’aurait finalement pas droit à ladite « aide »… A défaut de devoir finalement la rembourser quelques mois plus tard. Et si une fois la reprise de mai annoncée, chacun aura pu rêver à un retour à la normale, la fin de l’année n’aura pas été plus prometteuse, certains pays, certains domaines, étant replongés dans l’ombre d’une « fermeture temporairement obligatoire ».
Loin des grosses structures qui ont une trésorerie derrière eux pour pouvoir éponger ces semaines de vide, les petits commerçants voient ainsi une énorme partie de leur chiffre d’affaires disparaitre en fumée. Il est bon de rappeler ici que la plupart de ces commerces dopent leur chiffre d’affaires, à l’approche des fêtes de fin d’année, celle-ci représentant un gros pourcentage de leurs ventes, permettant ainsi à leur entreprise de perdurer. Un chiffre d’affaires qui, cette année, n’aurait pas été un luxe, permettant à certains de « limiter la casse ». Pourtant, l’homme de la rue, lui, ne semble pas résigné à bousculer ses bonnes vieilles traditions, les cadeaux et autres plaisirs des fêtes de fin d’années mettant un peu plus de baume au cœur sur une année bien sombre. Les chiffres d’ailleurs ne vont pas démentir l’idée, ceux-ci annonçant un public lambda achetant beaucoup plus tôt ses cadeaux, montant les sapins et autres décorations à l’avance… La peur d’être bloqué par une nouvelle obligation de confinement n’expliquant pas tout, il est fort à parier que nous ayons finalement besoin de nous faire plaisir avant tout ! Mais alors, si certains centre commerciaux ou piétonniers sont désertés du grand public… Où vont les gens claquer leurs économies ? Sur les sites des grosses structures pardi !
Pour celles et ceux qui l’auraient oublié, la différence entre un petit commerçant et les plateformes géantes de vente, c’est l’âme qui est mise dans le service de ce premier. Un commerçant va se lever tous les matins, avec le sourire aux lèvres et l’envie de faire plaisir… Un « bonjour » lorsque vous entrez dans les boutiques, un conseil sur tel ou tel produit, le soin placé dans la sélection des produits mis en vente, la connaissance du produit en questions, mais aussi l’écoute attentive apportée à nos besoins, tant de choses qui n’existent pas sur les plateformes de multinationales qui n’ont qu’une seule idée en tête : faire de l’argent vite et à tout prix. Des plateformes qui ont vu un grand intérêt au premier confinement, le peuple de la rue étant enfermé chez lui, les tablettes et autres smartphones auront bien chauffé pendant des semaines, histoire de commander l’objet de leur convoitise, comblant ainsi l’ennui profondément installé à leur côté dans le canapé.

Si certains nous parleront d’un choix plus large, ou de prix plus bas, rappelons que tout à un prix… Et surtout sur ces plateformes. On nous parle d’un prix plus bas, le produit étant acheté en tellement grandes quantités qu’il sera négocié à des prix d’achat beaucoup plus intéressants qu’il en devient inaccessible aux petits commerçants… S’il y a du vrai là-dedans, n’oublions pas de spécifier que dans la multitude de l’offre, beaucoup d’articles à prix cassés sont aussi de mauvaise qualité. Chose qui a moins de chance d’arriver dans une boutique, puisqu’un retour pour se faire rembourser sera facile et ne faisant pas de publicité à l’enseigne. D’ailleurs, souvent, les produits sont vérifiés lors de leur livraison par les employés de ces boutiques… Et puis, soulignons aussi que dans le prix de vente d’un article se trouvant dans la vitrine des magasins de nos centre-ville, il y a un loyer, des employés, des charges… Mais aussi des vies qui reposent. Tout une âme placée par l’être humain, dans un produit, un service, des heures de travail à n’en plus compter, tout cela pour le plaisir d’autres être humains, disposant eux aussi d’une véritable âme.
Au-delà de cela, repose finalement un enjeu beaucoup plus important sur nos vies… Car imaginez ce qui viendrait à se passer si chacun d’entre nous venait à délaisser les petits commerces pour se contenter de faire ses emplettes sur les méga structures de vente par Internet. D’une façon ou d’une autre, le fléau qu’est 2020 (et oui, il nous reste un mois avant d’en voir la fin) finirait par faire fermer définitivement nos petites enseignes. Dès lors, une fois le retour à la vie normale, plus de petites rues commerçantes pour aller se promener, puisqu’à défaut de se retrouver vides, celles-ci auraient été rachetées par des enseignes aux épaules plus que solides d’inhumanité. Propageant dans son sillage le monopole : un choix restreint, si ce n’est devenu quasi inexistant. Le danger du monopole réside essentiellement dans le fait que nous n’avons finalement plus le choix, donc si un prix décide d’être levé à l’extrême, plus aucune possibilité d’acheter ailleurs, de comparer les prix ou de comparer les marques. La multinationale que tu as engraissée pendant le rude hiver qu’est 2020 a prix trop de place, elle aura écrasé ses concurrents et aujourd’hui te met face au mur : acheter ou crève !
Du coup, on expliquera à Marine, cette année encore plus que les précédentes, que les petits commerçants ont besoin d’elle… Vous savez, ces personnes qui derrière leur comptoir sont toujours bien sympa lorsqu’il s’agit de débarquer chez eux en dernière minute en cas de soucis, ou d’oubli d’un cadeau. Plus que jamais, il est temps de s’interroger et de revoir nos priorités… Posons-nous la question : Ais-je envie d’être le produit en me faisant avoir tel un produit marketing qui achète sans réfléchir à son avenir, se contentant de vivre dans l’instant ? Où ai-je moi aussi envie de continuer à vivre et à faire vivre des personnes qui pourraient être mes voisins, ma famille ou ces personnes qui se tuent au travail chaque jour ? S’il n’est pas si aisé de se « réinventer » qu’on semble nous le dire à travers les médias, sachez que beaucoup de boutiques tentent de trouver des alternatives à la chute de leur chiffre d’affaires. Ce n’est pas parce qu’un magasin a sa porte d’entrée fermée, qu’il ne peut pas vendre. Beaucoup se prêtent à l’exercice des lives sur les réseaux sociaux, ménageant encore moins leurs peurs de travail que d’habitude, ou investissent dans des sites Internet de vente qui eux aussi ont un coût certain. Pendant votre repas de Noël, vous pourrez manger votre repas avec la satisfaction d’avoir permis à des gens dans la galère de survivre tant bien que mal… Pensez-y les prochains jours !
Scylla…
