HELLO – Mon métier, c’est pleurer…
Déposer des boules sur un immense sapin de Noël, au beau milieu d’une épaisse couche de neige artificielle… A l’heure qu’il est, je devrais être en train de préparer une belle fête de fin d’année, faisant ainsi de bonheur de tout un tas de gens qui seraient venus y passer un moment qui, certes peut ne pas paraître grand chose dans l’étendue d’une vie,j’ aurais eu le mérite de leur apporter du baume au cœur en cette période. A l’heure qu’il est, au même titre que des milliers, mon métier, c’est pleurer…
Chef de projet, Administrateur de spectacle, Commissaire d’exposition, Responsables de projet culturels, Wedding planner, Organisateur d’événements, Patron de boîte de nuit ou de bar, Conseiller en communication, Monteur son, Régisseur, Technicien, Dj, Gogo-dancer, barman, serveur, artiste, décorateurs, la liste des métiers de l’événementiel pourrait être dix fois plus longue que celle-ci. Une liste inépuisable de jobs qui ont tous un point commun : apporter un moment de plaisir, proche du bonheur, à celles et ceux qui auront décidé de leur faire confiance et de participer à l’instant proposé. Parce que la vie ce n’est pas juste se contenter des galères et des longues heures de travail, tout un tas d’entre nous, passionnés par les relations humaines, ont choisi de faire de leur métier la conception, la réalisation de moments inoubliables pour l’autre. Souvent, la plupart de ces acteurs sont arrivés là, non par le fruit du hasard, mais par choix, leur « première vie » ne leur apportant plus satisfaction. Ils auront alors décidé de se lancer dans un secteur qui, loin de se limiter aux strass et paillettes de l’instant X, nécessite de longues périodes de préparation permettant de faire en sorte que celui-ci soit parfait et inoubliable.
Depuis début 2020, très affectés par la crise sanitaire qui frappe le monde entier, ces métiers ont comme été gelés dans le temps, figés comme un décor silencieux d’après fête en attente d’être démonté. « Ce sera juste quelques semaines » se seront dit certains, à en écouter les médias… Une occasion de souffler un peu, pour d’autres, essayant de voir la chose d’un bon œil, avec un regard tout de même inquiet sur la chose. Je me souviens qu’avant, une fois la journée de travail terminée, on se retrouvait entre potes, entre collègues, en famille parfois, à l’occasion d’un petit moment, rien de bien passionnant, mais un petit instant de partage, de rires, de détente. L’occasion aussi de découvrir, de contempler, d’admirer… Des moments de parenthèse dans nos vies bien stressantes du vingt et unième siècle. A l’heure qu’il est, le décor n’est plus planté… Il a été démonté depuis des mois, bientôt une année. Le matériel a rejoint ses boîtes de rangement et n’en est plus sorti depuis des lustres. “Obligé de ne plus pouvoir travailler” , voilà ce que mon secteur est. « Trop de monde, trop de risques… ». Un peu comme si les centres commerciaux, eux, étaient déserts ou qu’ils abritaient une micro zone de protection où ce fichu virus n’existe pas. Le monde du spectacle, du plaisir est donc devenu le monde du silence. Un peu comme si nous avions fait la fête trop tard, trop fort, trop longtemps et qu’on voulait aujourd’hui nous faire taire. Dès lors, on se retrouve à attendre…
« Il faut savoir se réinventer » nous a-t-on dit et redit il y a quelques semaines. Une phrase qui semble avoir la résonance d’une baguette magique lorsqu’on l’entend au premier degré. Dans la pratique, la belle chanson qu’on nous a fait apprendre par cœur, histoire de bien pouvoir la répéter aveuglément, donne un tout autre son. Parce qu’on ne nous avait pas prévenus que quelques semaines se transformeraient en quelques mois, a l’approche d’une première année. Qu’on ne se réinvente pas en un claquement de doigts et que pour cela, encore faudrait-il que tout soit accessible. Que se réinventer ne se fait pas sans frais… Et que les frais, nous en avons fait pour maintenir le salaire de nos employés durant des mois, quitte parfois à devoir sacrifier le nôtre. Quand on organise comme moi des salons « grand public », on peut demain organiser des événements plus intimes, plus petits… Mais la règle veut que « non », « pas dehors », « pas de cadre intime », « pas de proximité », « pas de contact »… La trop longue liste des « pas de… » de distance de la baguette magique qu’on m’avait tant promise. On nous parle de « formats digitaux »… Comme si nos vies n’étaient déjà pas assez connectées ! On nous demande d’avoir les yeux rivés sur un écran toute la journée, pour y retourner dans nos rares moments de détente et de loisir ? Organiser un événement professionnel, avec la froideur de la distance et du digital, « why not », ça reste quelque chose dans un cadre « pro ». Mais depuis quand participer à un événement digital est-il devenu source de plaisir pour la personne lambda ? Celle qui aura envie de découvrir, de visiter, de rire, de s’asseoir et de discuter, tout en prenant un verre, les yeux rivés sur un spectacle ou bercé par le doux son d’un instrument de musique ? « Partager » est-il devenu quelque chose que l’on fait chacun de son côté, sans plus aucune interaction avec l’autre ?
En attendant… et j’en ai marre d’attendre… Je dois attendre ! Assis là, bien dépourvu de réponses, que je suis, je ne peux plus envisager l’avenir avec un regard positif. Parce que je ne sais plus quoi répondre aux visiteurs de mes salons qui s’ennuient profondément chez eux. Je ne sais plus quoi répondre à mes clients exposants qui croulent sous les dettes. Je ne sais plus quoi répondre à mon équipe qui voudrait reprendre le travail et qui se sent inutile. Je ne sais plus quoi répondre à ce sinistre sentiment de culpabilité qui a pris possession de moi il y a de longs mois. Je ne sais plus quoi répondre à mon banquier qui voit mon compte en banque se vider. Je ne sais plus quoi répondre lorsqu’il s’agit de payer alors qu’on m’interdit de travailler. Je ne sais plus quoi répondre à mes partenaires qui m’annoncent qu’ils sont dans le regret de définitivement fermer. Je ne sais plus… Et j’en ai marre !Parce qu’on a beau avoir choisi de rejoindre un monde fait de plaisirs, une fois que le spectacle s’arrête il lui est nécessaire de pouvoir s’envisager dans l’idée d’un lendemain. Le constat est triste, mon secteur est à l’arrêt et ne sait plus quoi penser… Faut-il déposer les armes et retourner nous enfermer entre les murs d’un bureau ? Le monde de demain ne sera-t-il uniquement fait de travail et de télé ? A-t-on fini de rencontrer nos amis, nos familles, en profitant de tous ces moments si géniaux et passionnants que nous avons vécus par le passé ? Doit-on commencer à envisager ces instants passés comme un beau souvenir qu’on ne vivra plus jamais ? Je n’ai malheureusement pas ces réponses… Pour l’instant, mon métier, c’est pleurer !
Ce soir, retrouvez Giovanni Patri de Alliancup en live dans la capsule Hello, dès 20h30 sur la page Instagram de #thestormiscoming. Lui qui se bat depuis maintenant presque un an pour les indépendants, les Start-up, les petites entreprises oubliées du Covid, un mot que je ne sais plus entendre, viendra discuter avec moi de la situation actuelle et de l’avenir… Si tant est que celui-ci soit encore possible.
Scylla…

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