Coup d'œil

Mutants nouveaux ou pas vraiment…

Adapter l’histoire tirée d’un récit sur grand écran n’est jamais chose facile… Et bien souvent, c’est au grand désespoir des fans qui n’y retrouvent pas les détails ou la réelle trame enfermée dans celle du papier. Si rares sont les exceptions qui ont su emporter avec elle mon cœur, l’adaptation cinématographique de l’histoire des « Nouveaux mutants », avec laquelle j’ai grandi, c’est avec beaucoup de ressenti que j’ai tout de même eu envie d’aller m’asseoir à nouveau dans un siège de ciné, histoire de m’en faire un avis.

Pour les connaisseurs, si on reprend l’idée dès son départ, celle du comics originel, celle-ci pourrait bien reposer dans le fait de voir Chris Claremont y écrire une version moderne des tous premiers X-men, version adaptée à l’air du temps. Ici, il délaisserait mutants adultes se battant pour la survie du monde ou la prise du pouvoir, pour s’intéresser à ces jeunes ados découvrant leurs pouvoirs au beau milieu des affres de la puberté. Or avec les Nouveaux Mutants, force est de constater que même à l’époque, on en restait encore aux mêmes clichés des jeunes super héros, bien gentils en fin de compte, qui doivent toujours avoir un vilain à affronter physiquement. En fin de compte, on y retrouve une bande d’adolescents légèrement rebelles à l’autorité, qui se disputent pour s’impressionner et ne pas passer inaperçus sans trop se faire de mal et toujours hypocritement érotisés, concept toujours bien vendeur et dans l’ère du temps. Il fallut aux Mutants l’arrivée de l’artiste Bill Sienkiewicz pour dynamis(t)er le tout, et en faire quelque chose de plus ardu, tordu et bizarre. Plus imprévisible et jeune… Culte, mais brièvement. Ils restaient tout de même attachants pour le public au fur et à mesure, mais sans plus. Et pendant toutes ces années, personne pour penser à la réécriture et l’origine de ces jeunes personnages plus vrais que nature dans le tournant de l’adolescence. Jusqu’à ce que l’idée logique d’un film permette un peu de mettre à jour tout ce beau monde. Ainsi, dans ce film, la Mutation est traitée de manière plus actuelle, les préjugés ayant explosé ces dernières années, s’accompagnant d’un triste pragmatisme qui est que ces manifestations de puberté peuvent aussi tuer (des proches). Aucun des personnages n’est à l’abri de ça, ce qui les lie en particulier dans le contexte du film. Alors, si les jeunes mutants masculins y restent juste fidèles à leurs modèles d’origine (Sam le bon gars et Roberto le vantard cool – décalques de Scott et Bobby des premiers X-Men), ce sont bien les filles qui ont le beau rôle du film, sans le rendre ostensiblement féministe.

Mais au final que penser de l’enveloppe… Car certaines critiques reprocheraient avant tout au film ce décalage déplaçant l’histoire, la vraie, dans un contexte tout à fait nouveau.  En effet, la première équipe des Nouveaux mutants avait été composée dans l’académie d’un certain Charles Xavier. Ici, ces jeunes qui ne se connaissent pas, mais ayant tous ce même lien que la découverte de pouvoirs qu’ils ne maîtrisent pas, les réunit dans une sorte d’hôpital psychiatrique un peu glauque. Et bien que tout à fait nouvelle, l’idée n’est peut-être pas finalement si mauvaise que cela, servant au passage de prémisses à la vraie histoire qui pourrait s’adapter dans des suites beaucoup plus ennuyantes. Ainsi, ce qui devait mettre en danger le film lui permet finalement de plutôt bien s’en sortir : On garde l’intégrité des personnages d’origine, sans trop les bousculer, le ton un peu teen-movie correspondant à un public qui accompagnera l’évolution de la franchise dans le temps, sans trop tomber dans un film de super-héros où le gentil remporte la victoire sur le méchant toujours plus avare de pouvoir, le tout en costume hyper-moulants. 

Au final, le film est assez bon, tant qu’on n’y cherche pas la trame originelle et qu’on place l’œil sur l’écran et pas dans le passé.  Une adaptation bien plus réussie que celle du naufrage « Dark Phoenix » d’il y a quelques mois.

Scylla…

LIENS :

LES NOUVEAUX MUTANTS

Sortie officielle : 26 août 2020 
Durée : 1h 33min  
Genre : Epouvante-horreur, Thriller, Fantastique, Science fiction
De : Josh Boone
Casting : Maisie Williams, Anya Taylor-Joy, Charlie Heaton