Coup de plume

Ni jamais, ni toujours…

Le 11 février dernier, un micro événement en soi avait lieu au Grand-Duché de Luxembourg… La première série policière dans la langue du pays était diffusée sur la plateforme Netflix. Si la critique n’a pas spécialement toujours bien accueilli la nouvelle, que penser finalement de la série créée par Thierry Faber ? J’ai maté la série pour vous en donner mon avis.

Jusqu’au 11 février dernier, il n’y a que quelques jours, impossible de trouver une série en luxembourgeois sur la plateforme Netflix… Capitani, la série créée par Thierry Faber, Eric Lamhène et Christophe Wagner allait venir bousculer la règle. Au programme, une enquête policière sur le meurtre d’une adolescente, au beau milieu d’un village rempli de secrets bien gardés. Après que le cadavre de la jeune fille fut retrouvé au beau milieu de la forêt, l’inspecteur Luc Capitani enquête sur cette mort qui se révèle très rapidement mystérieuse. Alors que ce petit village, apparemment sans histoires, se réveille bouleversé par le drame, les villageois peuplant ce dernier, d’habitude si insipides, vont commencer à tomber le masque et révéler de troublants secrets. Kidnapping qui aurait mal tourné ? Règlement de compte ? Lien avec un trafic de drogue ? Ou œuvre d’un prédateur sexuel ? Dans un microcosme intime et refermé sur lui-même, chacun va finir par révéler un visage tout autre que celui qu’on aurait pu lui prêter. Mais où est donc passée la sœur jumelle de la jeune fille dont on a retrouvé le cadavre ?

La critique , tant au niveau de la presse que du lambda partageant son avis sur le net n’a pas spécialement bien accueilli l’événement, avec un regard parfois très sévère… En effet, un peu à l’image des productions cinématographiques françaises, belges ou espagnoles, l’image ici se révèle être particulièrement crue et peu habillée, donnant une perspective aux premières minutes de la série, assez particulière. Le doublage, le jeu d’acteur, tout à l’exception du cadrage lui particulièrement bien exécuté, va défiler de façon très abrupte au fil des minutes du premier des douze épisodes et sans doute en décourager plus d’un. Pourtant, l’intrigue elle, ficelée avec beaucoup de soin va très vite vous absorber et donner l’envie, avec brio, d’en savoir plus et de dénouer l’intrigue aux côtés des acteurs principaux : Luc Schiltz (aperçu dans « Le tout nouveau testament » de Jaco Van Dormael ), et la belle Sophie Mousel.

S’il est facile de basculer dans l’analyse renvoyant Capitani à un scénario qui n’apporte rien de nouveau à la trame du genre, devenue un grand classique du cinéma policier : l’inspecteur étranger qui débarque au beau milieu de l’inconnu, pour faire équipe avec une jeune policière locale afin de  dénouer et découvrir la face sombre des habitants du village peu connu pour ses faits divers, la théorie, elle, va vite se dissoudre et faire oublier l’idée d’un copier-coller made in Luxembourg. L’histoire, au fil des épisodes n’excédant pas la demi-heure et se terminant systématiquement par un mini cliffhanger, donnera un ton particulièrement original et se démarquera du genre. Le décor posé, les visages familiers, l’humanité complexe des personnages au second plan et le hasard habilement placés vont réellement nous emmener vers une route dont on souhaite connaître la destination.

Au final, si rien de révolutionnaire ne transpirera ici, Capitani reste une série devant laquelle il est intéressant et agréable de se poser pour s’évader, à l’image d’un bon petit livre policier. L’intrigue est solide, deviendra labyrinthique, le suspens nous tient bien assis et curieux, tant la liste des suspects au fil des épisodes viendra s’allonger à un rythme effréné. Si j’avoue que j’avais moi-même un regard assez sceptique sur la série, la surprise s’est révélée au rendez-vous. Les premiers pas finalement bien réussis, à contre-courant des attentes peu enthousiastes, font ici un joli pied de nez à une critique qui devrait se remettre à observer, à défaut de réfléchir. Une deuxième saison, donnant la réplique à celle-ci semble  déjà assurée par la plateforme Netflix, à notre grand plaisir.

Scylla…