Obsitude…
On ne nous prépare pas au vide… Personne ne vous prépare à la vie lorsque la lumière des projecteurs vient à s’arrêter.
On avance un pas devant l’autre, dans un silence malsain et terriblement mélancolique. Un étrange no man’s land… Un vide intersidéral où nos pas ne trouvent définitivement plus écho, l’heure s’en est allée, tout est figé. Ce sentiment, je ne le connais que trop bien, il me hante, me persécute, m’angoisse. Il me glisse souvent à l’oreille des histoires qui auraient pu être écrites par Poe, tant elles ont le goût d’un sang séché. Ni vivant, ni mort,… Ni roi, ni personne… Comme une harpie, une de ces créatures mythologiques dont on nous parle depuis des siècles, sans qu’il n’y ait vraiment de sens absolu aux dires des oiseaux.
Avec un cœur qui s’est comme arrêté de battre, résigné dans l’après-mouvance, dans le deuil étriqué de l’instant qui n’est plus, j’ai l’étrange impression que c’est maintenant du chagrin qui coule dans mes veines. On se demande si la vie va reprendre, tout en sachant que les neiges éternelles ne viendront plus jamais à fondre. Je n’arrive plus à trouver les mots… En tout cas pas les mots qu’il faut. Battra-t-il encore un jour ?
Le spleen s’est installé et avec lui, dans son sillage, ce sentiment de mal- être qui sonne le glas de la fin… Comme à chaque fois. Allongé là sur ce lit aux draps immaculés, j’en viens parfois à me demander s’il ne serait pas plus sage de fermer les yeux et d’accepter qu’il ne puisse pas toujours y avoir de lendemain. Ou peut-être un nouveau jour, mais dépourvu de mon existence. Vous étiez en train de voler, les ailes déployées dans un ciel sans nuages et l’instant d’après vous venez vous fracasser le visage sur un sol gelé, froid et macabre. C’est pire qu’une chute, c’est un crash d’une violence sans nom…. Personne à qui parler… Personne pour vous prendre la main… Personne pour comprendre… Si, au moins, les dieux existaient encore, je pourrais me confier à eux.
De temps à autre, comme une douleur fantôme, j’entends des rires effacés, me rappeler les heures qui viennent de s’écouler. Lorsqu’on retourne le sablier, on devrait s’attendre à ce que le sable finisse par passer de vie à trépas. Mais là encore, personne ne nous y prépare. Pas âme qui vive, tout est paisible, la voix est libre, les larmes aussi… Elles finiront par couler.
Des songes que l’on embrasse en harmonie jusqu’au néant.
Scylla…