Coup d'œil

Pansexualité, l’amour pure…

Avec l’explosion des discours souhaitant abolir définitivement l’épisode des cases, cette orientation sexuelle peu connue du grand public, mais dont on nous parle de plus en plus, est trop souvent confondue avec la bisexualité. Comment les différencier ? Quelles subtilités ? Voilà un petit article brassant les vraies questions et les fausses idées sur ce que ressentent et défendent les personnes pansexuelles.

C’est dans l’air du temps… Il faut que les choses changent, plus que temps de faire exploser les bocaux, de brûler les étiquettes et de stopper de mettre des gens dans des cases qui ne leur correspondent absolument pas… Voir arrêter tout simplement avec l’idée des cases. Malgré cela, tout un tas de genres, de non-genre, de définitions et d’orientations viennent s’ajouter dans un dictionnaire qu’il est parfois compliqué de déchiffrer. Ainsi, et avec le plus grand des bonheurs, les personnes se définissant comme « pansexuelles » sont de moins en moins prises pour des marginales souhaitant avant tout se faire remarquer ou comme des bisexuels refoulant l’idée de leur véritable sexualité n’assumant pas l’attirance qu’ils éprouvent… parce que, osons placer des mots sur la réalité, bien que peu souvent énoncées, c’est le parfait genre d’idées qui passaient jusque là dans l’esprit des gens confrontés à ce genre de définition. 

Définition

Une personne pansexuelle est une personne qui ressent une attirance sexuelle, sentimentale pour un individu, sans aucune considération pour son sexe biologique, l’expression de son genre ou de son orientation sexuelle. On décompose le terme ainsi : Pan = tout, signifiant donc, peut aimer tout le monde sans aucune restriction. Cette définition a été proposée par la contributrice Kim Rice dans « The International Encyclopedia of Human Sexuality », une encyclopédie sur la sexualité humaine sortie en 2015. En gros, pour parler en d’autres termes, un.e pansexuel.le tombe amoureux.se d’une autre personne pour ce qu’elle est avant tout, sa personnalité, sans jamais tenir compte de son identité de genre ou son orientation sexuelle. 

Comprendre la bisexualité pour comprendre la pansexualité

Pour comprendre la nuance entre la pansexualité et la bisexualité, il faut avant tout savoir redéfinir le terme de bisexualité. Celle-ci est une attirance sexuelle, émotionnelle ou physique pour les personnes du même genre ou du genre opposé. On peut donc être attiré par un homme ou une femme, indifféremment. En 1993, le Dr Fritz Klein, sexologue spécialisé dans l’étude de la bisexualité, a élaboré une nouvelle version de la « grille d’orientation sexuelle », composée de 7 questions auxquelles il faut répondre par un chiffre de 1 à 7. Chaque chiffre reflétant une attirance (le 1, par exemple, signifie qu’on ressent de l’attirance pour des personnes du genre opposé, le 7, à l’inverse, qu’on est attiré par des personnes du sexe opposé). Au fin de test, comme pour un test psycho dans les magazines féminins, on compte ses points, et on découvre notre position entre une tendance hétérosexuelle marquée, un penchant homosexuel ou une attirance bisexuelle, située «entre deux», c’est-à-dire entre l’hétérosexualité et l’homosexualité. Loin de la théorie, souvent surtout chez les mecs, les bisexuels vous répondront qu’ils ont toujours une préférence pour l’un ou l’autre genre. Par ailleurs, j’ai souvent entendu des amis bisexuels hommes me dire que leur attirance se limite à des instants allongés sur un lit (ou ailleurs) mais que celle-ci ne pourrait se prolonger jusqu’à l’idée d’un couple, voire d’une vie de couple. Dans tous les cas, la façon de se comporter s’adapte selon le genre de son partenaire, dans la plupart des cas. 

La Pansexualité, orientation non binaire

S’il semble donc y avoir un schéma binaire ancré dans l’idée de la bisexualité : il y a les hommes, il y a les femmes – soit deux genres – et on peut, au cours de notre vie, être aussi bien attiré sexuellement ou sentimentalement par l’un que par l’autre, cela ne semble pas s’inscrire dans l’essence même de la pansexualité. Elle se dessine d’une façon plus lisse : on peut aimer indifféremment un homme, une femme, une personne transgenre ou se définissant comme non binaire. Le terme “non binaire” définit quant à lui une personne qui ne s’identifie ni dans le genre féminin, ni dans le genre masculin. Ainsi, la pansexualité rejette les notions de «soit» ou de «ou». Elle offre davantage de fluidité et de flexibilité, car pour rappel «pan» signifie «tout». On ne parle pas d’attirance pour un homme ou pour une femme, mais on élargit la palette. Une philosophie de vie qui a d’ailleurs son propre drapeau elle aussi : rose, jaune et bleu. Le rose représente l’attirance envers les femmes, le bleu l’attirance envers les hommes et le jaune l’attraction pour les personnes non binaires.

Qu’on décide de leur souligner des différences ou des points communs, ces deux tendances ont avant tout le mérite d’affirmer clairement une ouverture d’esprit, invitant sans injonction aucune, la société à sortir des schémas sexuels qu’ont fortement ancrés l’idée des religions qui ont dit les lois de la « normalité » pendant beaucoup trop longtemps. De cette façon, les pansexuel.les refusent le fait de devoir se définir comme tout ou rien, de faire un choix entre le blanc ou le noir, le bleu ou le rose, mais revendiquent une liberté de choix absolue et leur appartenant à eux seul.e.s. La pansexualité s’inscrit comme une orientation sexuelle qui supprime toute étiquette dans une société qui s’évertue à en coller. Pour cela, je ne peux que les en féliciter !

Scylla…