Pas un pour me dire « Merci »…
« Le théâtre comme la peste est une crise qui se dénoue par la mort ou par la guérison »… En 1938, Anthonin Arthaud dans sa pièce « Le théâtre et son double » nous présentait la chose comme telle. Est-ce la pénombre dans laquelle le spectateur est plongé, la promiscuité d’une salle, ou encore la passion reposant dans l’émotion ici jouée, le théâtre continue à fasciner et bousculer l’émoi. Et si le Escher Théâtre a pour vocation de prêter ses planches à des pièces venant de toutes parts, son cœur n’en est pas moins dénudé de créativité, à l’image de « Pas un pour dire merci », sa dernière production, qui se jouera d’ici quelques jours.
« Nous avons voulu créer un spectacle qui parlerait de deux choses : de la maladie mentale, et de la famille. Peut-on être mère et malade ? Enfant et mère de sa propre mère ? Comment vit-on la maladie mentale au sein d’une famille ? Comment vit-on la famille face à la maladie mentale ? Ce sont quelques-unes des questions qui nous ont préoccupées ». Le ton est ainsi donné sur une pièce haute en émotions, celles qui bousculent et poussent à sortir de son petit confort quotidien, tant elle invite à l’empathie. Une mère, un père et leurs trois enfants, le rideau tombe ainsi sur un décor où cette famille évolue face aux troubles psychotiques de la mère, ancrés au cœur de leurs vies, sur une quarantaine d’années. Une scène un peu étrange, dans une logique presqu’aussi absurde que le théâtre sait nous y plonger : Un repas de famille qui a la particularité de se donner lors du bain des enfants. La mère et ses trois enfants se retrouvent dans la baignoire, à dévorer un gâteau chocolat-crème. Ce sont, dès lors, les repas qui vont rythmer la pièce, marquant l’évolution des personnages et de leur situation, et à chaque fois, une nouvelle phase dans la maladie de la mère ainsi que dans la croissance des enfants.
La maladie et la folie sont des sujets, des thèmes, qui sont passionnants à exploiter… Aux portes d’une passion bouillonnante, ces sujets se font leur cinéma à eux et donnent souvent naissance à des œuvres plus qu’interloquantes. Ici, le père se retrouve seul et désemparé face à la maladie de son aimée. Plein de bonne volonté, mais toujours avec un pas de retard, il gère la situation et tient la famille comme il peut. Dépassé, il s’oublie et se sacrifie au service de sa famille, avec la certitude de toujours faire trop peu. La situation devenant intenable, il répond de plus en plus par la colère et la violence. Face au drame qui se joue, les enfants toujours relayés au second plan, tâchent de survivre et d’exister tout en se construisant comme ils peuvent. Chacun d’eux trouvera un coin d’univers où tenter de se réfugier, avec sa propre façon de réagir. Des portraits dont l’esquisse se dessinera au fil des minutes pour ensuite se confronter à la dureté de la réalité et bousculés par une remise en question profonde par la mort du père en fin de pièce. Et cette question amère de cruauté : « Que faire de la mère ? Comment s’en occuper, la maladie compliquant tout ? Sans pour autant renoncer à sa propre vie.
« (…) pouvoir aborder le sujet avec tout l’amour et l’humour nécessaires, mais sans jamais porter de jugement et sans cacher les côtés sombres. »
Une pièce qui s’annonce des plus intéressantes, tant elle confronte à des perspectives réelles. La maladie mentale, les enfants en présence de la maladie, la solitude sont autant de thèmes abordés dans ce sujet délicat, qui ne saura pas manquer, parfois, d’humour et d’émotions. Si comme moi vous voulez y assister et ne rien en manquer, « Pas un pour dire merci » se jouera à partir du mardi 20 avril, avec en bonus une table ronde qui suivra la dernière représentation. Face à un certain succès se profilant à l’horizon, une date supplémentaire vient de s’ajouter le jeudi soir. Retrouvez toutes les informations concernant cette pièce en bas de page de cet article.
Scylla…

LIENS :
PAS UN POUR ME DIRE MERCI
Escher Theater
120 Rue de l’Alzette
4010 Esch-sur-Alzette
Grand-Duché de Luxembourg
Tarifs : Catégorie 1 : 20€
Website : www.theatre.esch.lu
Tél : +352 2754 -5010 ou -5020
E-mail : reservation.theatre@villeesch.lu
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Horaires
Mardi 20 avril 2021 – 20:00
Jeudi 22 avril 2021 – 20:00
Vendredi 23 avril 2021 – 20:00
Dimanche 25 avril 2021 – 17:00
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Durée : 1h45 – Durée estimée
Langue : Français
Conception et mise en scène : Renelde Pierlot
Conception et écriture : Jean Bürlesk
Co-écriture : Francesco Mormino
Assistant à la mise en scène : Jonathan Christoph
Scénographie et costumes : Peggy Wurth
Musique : Jorge De Moura
Consultante mouvement : Rhiannon Morgan
Création lumière : Nico Tremblay
Avec : Sophie Langevin, Francesco Mormino, Jorge De Moura, Hélène Van Dyck, Sophie Warnant
Crédit image : Patrick Galbats
Une Production Escher Theater