Position dominante et questionnement…
Si le théâtre a pour première fonction de divertir, il a aussi pour vocation d’oser aborder les sujets qui fâchent, qui bousculent ou qui perturbent, tout en nous permettant d’observer ces questions depuis le confort d’un siège bien statique. Mais si l’on dit que toutes les vérités sont bonnes à dire, le sont-elles pour autant à entendre ?
Le décor se pose, dès les premières minutes, sur un dialogue entre trois hommes… Trois hommes de la cinquantaine, représentatifs de ce qui « gouverne » notre jolie société : Trois mâles, blancs, hétérosexuels, cisgenres. Bernard Breuse, Miguel Decleire et Stéphane Olivier s’allongent ici sur un canapé à la double fonction, s’y placent eux-mêmes à la fois comme on s’assied sur le banc des accusés, tout ce qu’ils représentent, chaque millimètre de leurs caractéristiques, se fondant dans l’ébauche d’une silhouette parfaitement sociétale, mais aussi comme on s’allonge sur le canapé d’un psychanalyste, évoquant tout un tas de bric-à-brac, donnant naissance à une réflexion sur le monde et son règne de l’absurde.
Du bric-à-brac, au niveau du cadre, il en sera question puisque viendront presque s’enchevêtrer une table remplie de livres, des écrans, des caméras, un canapé ayant déjà bien vécu, non loin d’une cage où vivent des poussins évoquant l’idée du héros de dessin animé coiffé d’une coque d’œuf, à la constatation quasi systématique et répétée qu’on lui connaît : “C’est vraiment trop injuste”. Allongés sur le canapé de la nuit, nos interprètes viendront ici, osciller ça et là, dans un désordre tout aussi absolu qu’il se bouscule parfois dans nos têtes, juxtaposer les idées, les questions, les injustices, frôlant parfois la folie avec suggestion. On y évoquera, bien entendu, le rôle dominant prêté aux hommes, mais aussi à cela laissé « pour » la femme dans notre société, au même titre qu’on y évoquera l’idée du sexe, de la couleur de peau et de toutes ces imperfections qui font que celles et ceux se noyant dans les minorités « ne méritent finalement pas » de diriger le monde. Un support à la réflexion, d’une parenthèse pour prendre du recul, invitant au fait de se poser les bonnes questions, nous bousculant dans notre petit confort quotidien… Mais encore faudra-t-il oser pousser la réflexion jusque là !

Penser l’avenir en fustigeant le présent… Tel est le parti pris que le collectif Transquinquennal, créé en 1989 à Bruxelles, a voulu donner à son œuvre. Un travail d’écriture collective qui a su se donner un nom, prêtant à ses regards sur le monde au fil du temps, une réputation dans l’inattendu quant aux chemins qu’il empruntera. Il sera ici question d’évoquer le doute, l’idée de ce monde qu’on pousse continuellement au changement, sans rien y changer pour autant. Un spectacle qui n’en n’est pas un, donnant lieu à une intrinsèque question philosophique sur laquelle trois hommes, parfait reflet de ce que la société voudrait que nous soyons, s’attardent.
Scylla…
LIENS :
CALIMERO
Escher Theater
Mercredi 24 mars 2021 – 20:00
Jeudi 25 mars 2021- 20:00
vendredi 26 mars 2021 – 20:00
120 Rue de l’Alzette
L-4010 Esch-sur-Alzette
Tarifs : Catégorie 1 : 20€
Website : www.theatre.esch.lu
Tél : +352 2754 -5010 ou -5020
E-mail : reservation.theatre@villeesch.lu
Durée : 1h30
Concept Transquinquennal : Bernard Breuse, Miguel Decleire, Stéphane Olivier
Direction technique : Claudine Perron
Création lumière : Nelly Framinet
Dramaturgie : Laura Vauquois
Production Transquinquennal
Coproduction : Théâtre Les Tanneurs, Coop a.s.b.l.