Tentative de trop pour une Spirale sans fin…
L’existence de la saga Saw reste inscrite, encore et toujours, comme une curiosité absolue de l’industrie cinématographique… Elle est apparue là, sans crier gare, dans une ère où le cinéma d’horreur souffrait d’une grande faim, d’à nouveau, faire frissonner. Son premier volet, réalisé par James Wan ne faisait pourtant pas présager cette longue franchise qui allait s’étendre jusqu’en 2021, avec son neuvième film. Un épisode qui s’annonçait tel une véritable renaissance… Dans la pratique, sans doute une tentative de trop, dont la franchise aurait pu se passer !
Le synopsis : Le lieutenant Ezekiel Banks dit « Zeke », fils de la légende locale aujourd’hui à la retraite, et son nouveau partenaire enquêtent sur une série de meurtres macabres dont le mode opératoire donne écho à celui du défunt tueur en série Jigsaw, qui avait sévi dans la ville quelques années plus tôt. Pris au piège sans réellement s’en rendre compte, Zeke se retrouve au centre d’une spirale infernale, stratagème terrifiant dont seul le tueur tire les ficelles. Si dans l’absolu rien de très palpitant, on aurait pu suspecter, un piège dans lequel nous sommes très souvent tombés tout au long des épisodes de la franchise, l’inattendu traquenard nous bousculant dans les dernières secondes du film, remettant subtilement à sa place, face à nos échines stoïques, chaque pièce du puzzle macabre.

Le trailer lui, s’annonçait loin du romantisme sinistre qui avait accompagné la plupart des films griffés Saw. On peut d’ailleurs applaudir la longue série de films d’horreur marquants signés de l’esprit tordu de James Wan, avec notamment Conjuring et Insidious. Un premier métrage, étrange et dérangeant à souhait, qui bousculait dans ce qu’il proposait : un thriller noir et dégueulasse, rassemblant les codes de réussites telles que Saven, ou Cube, avec pourtant un très faible budget à son actif. Dans son évolution, la saga a vite tourné à la Torture Porn avec pour caractéristique que chacun de ses films multipliaient les mises à mort dans des pièges toujours plus tordus et pervers. Bien entendu, comme il fallait s’y attendre, chaque épisode basculera de plus en plus vers la déception, tout en sachant tout de même garder en haleine, les fameuses dernières secondes continuant, la plupart du temps, à scotcher le spectateur dans son siège, l’effet de surprise restant toujours la clé du game. Pourtant, en 2017, une première tentative de résurrection de la stupeur, signée des frères Spierig avec pour titre l’iconique « Jigsaw » (le surnom donné au tueur en série) sorte de relecture du mythe du Tueur au Puzzle qui, malgré son aspect plus sobre et assez efficace, ne parvenait pas suffisamment à se détacher de la saga de base pour être véritablement pertinent. Alors que l’on pensait la saga Saw définitivement enterrée, l’arrivée impromptue d’une sorte de nouveau chapitre intitulée « Spirale – L’Héritage de Saw » avait littéralement changé la donne. Avec elle, l’espoir d’un frisson nouveau, donnant le ton à plusieurs nouvelles années de règne dans le monde terrifiant de l’horreur.
Il n’en sera malheureusement rien… Pire, cette tentative résonne comme un très vilain pied de nez à tout ce qui a contribué à faire rentrer Saw dans les annales du cinéma d’horreur. Car si les derniers films de la franchise tentaient malgré tout de perpétuer les codes constituant cet espace de romantisme macabre qui a fait les beaux jours de la série, Spirale, lui, bascule dans le banal, le facile et tombera dans l’extrême opposé de ce qu’on lui attendait : le prévisible. Ce nouvel opus, que beaucoup qualifieront de « trop », malgré son aspect de relance de l’historique de la saga, s’ouvre sur une scène bien connue de ses fans, l’enlèvement d’un homme, figure affublée d’un masque de cochon, se réveillant dans les bras d’un piège sanglant et mortel à souhait. Une scène familière, mode d’emploi bien connu tant il est la marque de fabrique de Saw, et pour cause, c’est Darren Lynn Bousman que l’on retrouve à la mise en scène, alors qu’il avait déjà réalisé les épisodes 2, 3 et 4 de la saga. Dès lors, le métrage basculera dans l’ennui le plus total, justifiant minute après minute le semblant d’un scénario tordu, dont seuls les quelques pièges mis en place nous sortiront à peine de notre torpeur. Tout, absolument tout, les éléments s’inscriront dans la lignée du fallacieux ; des flics ouvertement corrompus, la disparition du père du personnage principal, jusqu’au meurtre trop facile du jeune collègue, sans doute trop innocent pour mourir comme les autres. Le film s’étale dans sa justification inutile, pour ensuite basculer dans un dénouement qui laisse en bouche un goût de soupe froide qu’on aurait laissée au frigo beaucoup trop longtemps. Ici, aucune réelle surprise, aucun mystère, aucun lien avec le passé de la saga, absolument rien d’inédit apportant quelque chose de nouveau à cette soi-disant renaissance qui n’aura pas lieu… Juste une malheureuse tentative de redonner un souffle à un cadavre déjà en état de décomposition.

Tout finit malheureusement par s’effondrer à cause d’une écriture extrêmement maladroite, trahissant les installations du long-métrage et ne parvenant jamais à faire décoller ne serait-ce qu’un peu l’intrigue. Les pièges, même si parfois inventifs, se répètent et se ressemblent dans leurs méthodes, ne donnant que peu de chance aux victimes de s’en sortir. Dans les précédents volets, John « Jigsaw » Kramer cherchait à faire changer la façon de penser de ses victimes en leur laissant une porte de sortie. Dans Spirale, l’antagoniste se résume à un tueur en série psychotique prétendant baser ses méthodes sur le Tueur au Puzzle alors qu’il condamne à chaque fois ses prises au piège. Une nuance qui empêche tout suspense tant on sait constamment ce qu’il va arriver aux personnages, rendant les scènes de torture d’autant plus pénibles car superflues. Cela n’aurait pu être qu’une structure maladroitement amenée sans grande conséquence si son twist final (caractéristique sine qua non de chaque opus de la saga qui prenait plaisir à piéger autant son spectateur que ses personnages par des retournements de situation – celui du premier est même devenu culte) n’était pas aussi honteusement prévisible. On connaît les codes du whodunit, on en connaît les tenants et aboutissants et on en sait désormais les ficelles. Surprendre est devenu compliqué, c’est sûr, mais Spirale se montre particulièrement faible dans cet exercice, rendant le final complètement plat et assurément décevant… Donc inutile !
Dommage !
Scylla…
LIENS :
SPIRALE – L’HÉRITAGE DE JIGSAW