Un slow plus lent que le temps…
Avez-vous déjà prêté l’oreille au son de la musique ? Supposons qu’on puisse comparer la vie, chacun de ces instants, à un morceau de musique… Quel rythme leur donnerions-nous ? Quels instants, quelles mélodies, quels tempos ? Parce que chaque moment mérite qu’on questionne, qu’on apprivoise, qu’on exorcise, qu’on analyse… Dans mon long questionnement, je trouve parfois la vie que l’on mène aujourd’hui, profondément triste. Alors que… Un slow, une musique douce et lente. Un regard que l’on croise, des doigts qui s’effleurent, des lèvres, des mains, un baiser, l’immensité…
J’ai souvent vu les relations amoureuses comme un slow… prendre le temps de s’apprivoiser, de se connaître, placer les pieds aux bons moments, au bon endroit, pour éviter le faux pas. Parfois, la chanson semble durer une éternité. Une longue ballade dans la vie, entre deux êtres qui se sont rencontrés et qui ont su trouver un écho à leur respiration. Peu importe les tempêtes, tout semble toujours tenir debout… Quoi qu’il arrive !
Et puis parfois il y a cette constatation, les gens ne savent plus danser. À peine ont-ils posé les pieds sur la piste, que les mains se sont touchées, la musique s’arrête et dégénère. On accumule les rencontres, les partenaires, les tentatives… Mais jamais on ne rencontre l’histoire. On s’enlace, pour se lasser… Ère du vide, de l’impatience, de l’incompréhension. On parle pour se taire, ne pas communiquer, ne pas s’écouter. Alors on s’assied et on regarde ce couple qui continue à danser depuis des heures et des heures, sans comprendre pourquoi, comment….
Et nous ? C’est un peu comme dans ces films à l’eau de rose, où l’on préfère éteindre la télévision, en se disant que ce n’est jamais qu’aux autres que cela arrive. Mais on n’écoute pas ses sentiments.
Et puis parfois aussi on a peur… Le doute, les questions prennent le dessus et nous rendent sourds. Alors on enchaîne les vies. On accumule encore et encore sans compter les notes, les jours et la solitude. On enchaîne et on ferme la porte derrière nous, on s’empêche de réfléchir, de se poser les questions. On s’enchaîne à force par crainte de s’enchaîner. Parce que c’est comme ça… on peut décider de naître pour mourir, ou parfois de vivre plus vite que la vitesse du son, en espérant ne jamais rencontrer la mort. C’est plus facile ! Ne pas prendre de risques, ne pas tomber, ne pas rencontrer les fausses notes. Prendre les risques, ou pas vraiment… s’en donner l’illusion. On attrape une main au hasard, aveuglément et on fonce dans la foule. Mais la vague brutale, la vie en mouvement, les mains n’étaient pas assez serrées, elles se sont déliées. On oublie… On ne sème pas, pour ne pas s’aimer, pour ne pas blesser, pour ne pas se faire mal. Comme une fusée qui décolle pour exploser à quelques mètres du sol.
Dans la foule, la folie sans chaîne nous permet l’éternité. Je ne sais pas si je dois écrire permettre ou promettre. Il y a ces baisers qui durent le temps de quelques secondes, anonymes.
Ces mélodies qui ont eu leur succès, qu’on essaie de retrouver dans le noir, avec beaucoup de déception au final. Et puis parfois le hasard… Existe-t-il vraiment ? Une rencontre, une balade, un slow. Oser prendre le temps de s’envoler là où l’on n’atterrit pas. Laisser les doigts se frôler, les mains se serrer, les corps s‘apprivoiser. Un slow… le temps d’une chanson qui n’en finira jamais. « Dans le temps », celui des époques, on se vouvoyait avant d’oser le « tu », les mains accrochées, les corps se rapprochaient sans se toucher. Idée du désir, de l’envie. Les mains se demandaient. C’était lentement… Le songe. Elle chantait « le tu a tué la romance… ».