Coup de sang

Vivons cachés… Pour être heureux ?

Nous sommes jugés en permanence… C’est ainsi depuis la nuit des temps, c’est depuis toujours, on nous juge sur notre apparence, sur nos choix de vie, sur une orientation sexuelle, sur un oui ou un non. Alors qu’en 2018, on nous rabâche les oreilles à prôner la tolérance et le « respect de l’autre », à longueur de journée, la sentence du jugement des autres tranche en permanence et fait de nous des coupables de tout un tas de délits en tous genres. Mais qui sont ces gens qui nous jugent ?

En matière d’exposition au regard de l’autre, ma vie est divisée entre deux périodes… La première, où j’ai été jugé, mais où j’avais besoin de “montrer ” pour assumer et ” exister “… Afficher que j’assumais pleinement mon homosexualité, afficher que je me « foutais du regard des autres » en me mentant à moi-même, afficher que j’étais libre et indépendant, afficher que j’étais fort et plus fort que les autres sans doute… Bref, j’appellerais ça la période où j’avais besoin de me prouver à moi-même ce que j’étais et que j’existais ! J’étais jeune, immature, nous mettrons donc cela sur l’inexpérience de vie.

S’en est suivie une deuxième période, celle où je m’étais prouvé des choses à moi-même et où je me fichais réellement de ce que « les autres », ces regards inconnus que l’ont croise dans la rue, pouvaient penser. Puisque de toute façon, les regards n’étaient rien d’autre que l’écho du néant… A la limite, il m’arrive d’en jouer ! Car s’il y a bien une chose désagréable, ce sont ces gens lorsque vous êtes en soirée, en représentation, en événement, qui viennent vous parler pour ne rien dire de très intéressant… Et que ces gens poussent le bouchon jusqu’à entrer en contact avec vous, plus tard, via les réseaux sociaux pour continuer cette superbe conversation ennuyeuse qui ressemble plus à une intrusion dans votre vie qu’à autre chose. Solution : paraître un peu inaccessible, voir à la limite du glaçon… L’effet est efficace à souhait et radical. Bref… Je m’éloigne du sujet, revenons à nos moutons. Je suis donc, depuis quelques années, dans cette période dite du « je n’ai plus rien à prouver à personne », et de plus en plus, après cette année à passer derrière un idiot pour récupérer la somme astronomique de bêtises laissées sur son passage.

Mais même dans ce cas, je remarque que le jugement continue à se porter sur moi… Les gens me jugent par rapport à mes choix d’alliance, sur mes choix esthétiques, sur ce que je tolère ou on, sur ce ou ceux que j’accepte et bien entendu, on me juge sur mes stratégies. Jusque là, rien de très anormal… Le comportement est humain, je sais qui je suis, je sais où je vais… Là encore une fois, je suis suffisamment intelligent pour user et ruser de ces états de faits, pour arriver encore plus vite là où je désire me rendre. Mais qu’en est-il des gens qui ne sont pas sensés nous juger… Nos proches, nos familles, nos amis ? Ces gens qui font partie de notre vie au point d’être nos vies… Ces gens qui, à défaut, sont tout de même sensés occuper une place dans nos quotidiens, nous soutenant et appuyant « au passage » (vous remarquerez mon choix de guillemets sur certains termes ou phrases de cet artiste…). Est-ce là réellement le but du jeu ? Doit-on systématiquement rentrer dans le moule pour plaire et ainsi être considéré comme « sérieux » ? Si je me fiche du jugement que les gens qui ne me connaissent pas peuvent porter sur moi, je n’ignore pas qu’ils ne font pas ma vie et que leur regard de juge aveugle n’a absolument aucun effet sur moi. A un tel point d’ailleurs que cela fait maintenant quelques années que je ne le remarque plus. Mais s’il y a bien une chose qui m’insupporte au plus au point, c’est de me sentir jugé par des gens proches… Sachant que ces âmes nous connaissent, maîtrisent (généralement) les tenants et les aboutissants de nos choix divers.

Cet article est un coup de gueule… Il n’est pas productif… Il ne construit rien et n’a jamais eu pour essence autre que de me permettre de degueuler un truc que j’avais envie d’extraire ! Cet article n’est rien d’autre qu’un coup de gueule… Je n’affiche pas, ou pratiquement pas ma vie privée sur les réseaux sociaux, j’en connais trop les pièges. Je sais, j’ai bien compris qu’afficher aux yeux du monde nos vies n’a pour effet que de faire parler. Mais au final… J’ai parfois tendance à croire que le vieil adage « pour vivre heureux, vivons cachés » se révèle plus vrai que jamais. Partager à outrance, non… Partager avec ceux que j’aime, oui, sans doute… Mais tout en sachant que la phrase ne s’arrête pas là. Elle devrait se prolonger par un « … jusqu’au jour où… ». Les choix de vie qui sont les miens, les nôtres, ne sont qu’à nous, ils n’entraînent personne avec nous, ils ne dépendent de personne et ne regardent pas plus de monde que cela. Je me suis toujours battu dans la vie, je continue à me battre… Je ne dois rien à personne… Du haut de mon expérience de vie, le jugement de mes proches, c’est comme le manque de respect, je ne le tolère pas et ne le cautionnerai jamais !

Les gens qui nous jugent ne sont bien souvent pas mieux que nous… Le droit qu’ils s’accordent à poser un regard sur nos vies ne leur est pas dû. Ils ne le méritent bien souvent pas d’ailleurs… Menez vos vies comme bon vous semble, n’écoutez pas les gens qui vous diront ceci ou cela, ils ne vivent pas vos vies, ils n’assument ni vos choix, ni votre ennui, ni vos regrets lorsqu’il y en a.
Je pars du principe qu’on a qu’une vie, qu’il faut vivre et profiter. Et rien, ni personne, ne peut nous enlever notre liberté de penser !

Sur ce… Le coup de gueule étant posé, je peux maintenant vaquer à d’autres occupations beaucoup plus constructives ! lol

Scylla PIERCE

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CREDIT PHOTO : Ian KEEFE